C’est le dernier arcane majeur, à la fois le vingt-deux et le zéro. En numérologie, le nombre 22 (comme le 11) ne se réduit pas. C’est le nombre des créateurs, des bâtisseurs, des visionnaires, mais aussi des êtres incapables de se maîtriser, invivables et instables. On peut rapprocher cet arcane de l’Ouroboros, le serpent qui se mord la queue. C’est le mouvement de la continuité, de l’éternel retour. Un cycle est terminé, un autre commence. Cet arcane parle à la fois de la fin et du recommencement. Il renforce la signification des arcanes qui l’entourent. C’est aussi la lettre hébraïque shin, une des trois lettres mères de l’alphabet hébraïque, qui signifie le feu, la flamme qui monte. C’est une carte très complexe, qui symbolise, d’un côté, la folie, l’insouciance et l’abandon, et de l’autre, le dépassement, le changement de monde.
Un troubadour ou un fou vagabond barbu, portant turban, costume bariolé, chausses jaunes et masque de théâtre, marche vers l’est, vers la lumière céleste. Il porte dans une main un baluchon au bout d’un bâton et dans l’autre un bâton qui lui sert d’appui. Un chat attaque une de ses chausses. Entre ses jambes une fleur rouge semble se faner. Au fond, un crapaud se cache derrière une poutre blanche.
Pour le monde profane, le fou est celui qui agit en dehors des normes. Le Fou du Tarot de Wirth est l’être qui a dépassé le rationnel.
C’est pourquoi le turban qu’il porte sur la tête sort du cadre de la lame. C’est le symbole des idées qui débordent des cadres habituels. Le Fou ne peut être enfermé dans une structure « classique ».
Il porte un masque, comme les acteurs de théâtre antique, ou comme les Alchimistes, quand ils se livraient à leurs opérations.
Si son baluchon est maigre, c’est que le Fou n’emporte que l’essentiel. La vérité est chose simple, et en même temps, il a conscience qu’il sait peu.
Le bâton rouge dans la main droite qui lui sert à avancer est signe d’action.
Le bâton bleu dans la main gauche, qui porte le baluchon, est signe de spiritualité.
Ses chausses, jaunes, signe d’intelligence, montrent ce qu’elles devraient cacher. C’est le langage des fous à la cour des Rois, qui ne dévoilaient les vérités qu’en ayant l’air de dire des sottises.
Le chat, qui s’en prend à ses chausses, n’est que le rappel du symbole du Grand Œuvre alchimique. Probablement, à cet instant du Grand Œuvre, est-il bon pour l’initié de se faire passer pour un fou, pour ne pas révéler ses secrets à qui n’en ferait pas bon usage ?
La fleur rouge qui penche vers le sol nous prévient que sa mission est accomplie.
Le crapaud derrière la poutre, est le symbole de la résurrection et de l’immortalité.
La poutre blanche, un symbole maçonnique, allusion à la construction. Blanche en signe de pureté et d’immortalité.
Le Fou est assimilé avec Mercure. Le Mercure nocturne de l’influence mauvaise, qui fausse la raison et le cœur, qui fait les voleurs, les fous et les excentriques.