C’est l’arcane XVI, le nombre seize étant la multiplication de quatre par quatre. C’est donc la matière qui se multiplie par elle-même. Mais c’est aussi la lettre hébraïque aïn, qui signifie la colère, la disharmonie, ce qui est courbe, faux. C’est sûrement la carte la plus redoutée lors d’un tirage, car signe d’écroulement et de perte des illusions, avec des répercutions concrètes. Dans des circonstances exceptionnelles et justifiées, elle peut être alors le symbole d’un « coup de foudre », tout simplement.
Nous sommes devant l’un des arcanes les plus mystérieux du Tarot. Le soleil, la foudre, ou peut être, tout simplement une action divine, provoque l’effondrement d’une tour ronde couronnée, symbole de pouvoir. Deux personnages, dont l’un couronné en sont éjectés, tandis que des boules multicolores tombent autour.
La tour de briques est de couleur chair pour bien symboliser que c’est une construction humaine incarnée.
Elle possède quatre ouvertures, trois fenêtres et une porte. Le chiffre quatre étant le symbole de la matière, on trouve ici un rappel aux idées matérialistes.
La forme de la tour, ronde et allongée, rappelle un aspect phallique, symbole du pouvoir créateur individuel.
Les quatre créneaux au sommet de la tour sont là encore pour signifier, comme les quatre ouvertures, les constructions de l’intellect (tour) qui sont couronnées par les certitudes matérialistes.
Le rapport de la foudre et de la tour n’est pas sans rappeler que plus une construction est haute, plus elle va attirer la foudre. Donc, plus notre égo est puissant, plus dure sera la chute. La foudre est à la fois la lumière, le feu du ciel et l’énergie créatrice.
Le soleil signifie l’intervention de l’intelligence cosmique.
Le personnage couronné nous apporte un symbole fort : l’homme croit régner sur le monde, mais son orgueil et son aveuglement le font chuter. Mais la chute est une initiation.
Le second personnage dont le vêtement est essentiellement rouge, a utilisé toute son énergie à la construction de la tour. Identifié à elle, il est détruit en même temps qu’elle.
Les sphères multicolores qui tombent en pluie de chaque côté, c’est toute l’énergie accumulée, qui a été utilisée pour construire la tour et qui va devenir semence en retombant au sol.
La tour foudroyée est l’image de l’orgueil de l’intellect mis à bas par l’intervention de l’Esprit. L’adepte, en manipulant la puissance du Diable, s’est trouvé confronté à la tentation. A travers la connaissance acquise, il croyait détenir la vérité, mais ce n’était que « sa » vérité.
Ici nous ne pourrons pas dire si la spécificité de cet arcane est d’être positif ou négatif. Les conséquences sont si intimement mêlées que seul l’adepte aura deux possibilités :
La Maison-Dieu est associée au signe zodiacal du Scorpion, le trait de foudre qui frappe la tour ayant des similitudes avec le dard crochu du scorpion. Mais il est aussi à remarquer que certaines machines employées au Moyen-Age pour la démolition des forteresses, s’appelaient des « scorpions ».