C’est l’arcane XII, le nombre douze étant l’addition de six plus six, le chiffre six qui symbolise le choix. A rapprocher de l’arcane VI de l’Amoureux qui devait faire un choix. Douze c’est aussi dix plus deux, le chiffre deux d’un nouveau cycle. C’est aussi la lettre hébraïque lamed, qui signifie, tout ce qui s’étend et se déploie, d’où l’idée d’extension et d’élévation. C’est la carte de l’impuissance, volontaire ou non. Le pendu est figé comme un malade sur son lit. C’est la carte du dépouillement, de la perte, mais rien ne présage de l’avenir, le dépouillement peut être curatif.
Un jeune homme est pendu par son pied gauche à l’aide d’une corde entre deux arbres dépouillés. L’autre jambe est repliée en croix par rapport à sa jambe tendue. Sur son habit bicolore, deux croissants de lune. Il tient ses mains derrière le dos et coincés entre ses bras et son corps, deux sacs déversent des deniers au sol.
Cet arcane nous fait entrer dans la phase d’initiation passive, féminine et mystique, que Oswald Wirth appelle « l’initiation ionienne » à opposer à la première partie, « l’initiation dorienne ».
Elle est à rapprocher de l’arcane VI de l’Amoureux entouré de deux personnages féminins, mais aussi de l’arcane II de la Papesse, devant les deux colonnes du Temple.
Le pendu entre deux arbres est symboliquement dans l’entrée du Temple.
L’habit du Pendu est bicolore, comme celui de l’Amoureux, rouge, pour l’activité intérieure, et blanc pour la pureté d’âme et d’intentions.
Deux croissants de lune sont représentés en bas du vêtement. C’est le symbole du psychisme.
Les chaussures noires, un rappel du Grand Œuvre alchimique.
Des bourses aux creux de ses bras, le Pendu laisse échapper des Deniers. Des Deniers d’or, signes de raison, de connaissances précieuses. Des Deniers d’argent, signes de sensibilité, de sentiments généreux. Le Pendu dispense ses trésors intellectuels et spirituels et se dépouille de ses biens terrestres.
Les mains derrière le dos sont signe d’action occulte.
La jambe droite repliée en croix, à rapprocher du reste du corps en triangle n’est pas sans rappeler l’idéogramme du soufre et l’arcane de l’Empereur, mais renversé.
La traverse jaune entre les deux arbres, c’est la lumière « d’en haut » à laquelle le Pendu est relié.
La tête dans la terre relie aux préoccupations terrestres. En même temps il enterre ses certitudes intellectuelles. Cette confrontation initiatique avec l’obscurité de ses propres profondeurs est celle du cabinet de réflexion des Hermétistes où apparaissait l’inscription V.I.T.R.I.O.L. : « visite l’intérieur de la Terre, en te rectifiant, tu trouveras la pierre cachée ». Rectifier, signifiant se transformer, non pas d’un seul coup, mais à travers une longue patience.
Les arbres verts, comme les deux colonnes du Temple, sont la vitalité intérieure.
Les cicatrices rouges sur les troncs, les branches émondées pour ne garder que l’essentiel, le rouge sang pour une idée de souffrance. Le Pendu s’est dépouillé de tout superflu. Ces cicatrices, au nombre de douze comme les douze maisons du zodiaque représentent les attachements terrestres auquel le Pendu renonce volontairement.
Le Pendu est à rapprocher de Saturne. Un Saturne nocturne à l’opposé du Saturne diurne de l’Ermite. Un Saturne maléfique qui menace les humains de catastrophes, de supplices, de mort, de renversement de situations sociales. Dans le sens astrologique, la maison nocturne de Saturne est le Capricorne qui correspond au solstice d’hiver, ainsi le soleil est arrivé au point le plus bas de sa course, presque la tête en bas.