Comme dans toutes les civilisations antiques, les arts divinatoires occupaient une place centrale dans la vie religieuse et politique de la Rome antique. A l’époque, les « professionnels » des arts divinatoires étaient plutôt spécialisés dans l’interprétation de signes et non pas des voyants comme nous l’entendons aujourd’hui. Cependant il existe quelques similarités avec la voyance actuelle, notamment dans le cas des haruspices, ces devins d’origine étrusque.
Pour comprendre l’importance des pratiques divinatoires dans la Rome antique, il faut connaitre l’un des fondements de la religion romaine. Pour les Romains, il était capital de préserver « la paix des dieux », pax deorum en latin, cela consistait à agir de façon à ce que les dieux soient satisfaits du comportement des hommes. Un manquement à cette règle risquait de déclencher la colère divine qui se manifestait par toute sorte de cataclysmes : famine, catastrophe naturelle, etc. Il était donc essentiel de disposer de « spécialistes » capables de décrypter les messages des dieux, pour déterminer si les décisions humaines étaient en accord avec les plans divins.
Les augures
Dans l’antiquité romaine, la voyance reste une affaire religieuse, les prêtres sont chargés d’interpréter les signes divins annonciateurs des évènements à venir, qu’on appelait augures. Aucun gouvernant ne prenait une décision avant de consulter le collège des augures, une assemblée de prêtres dévoués à l’interprétation des signes divins. Pour décrypter les messages divins les prêtres observaient le vol des oiseaux ou la façon dont les poulets mangeaient leur grain : en fonction de l’appétit des volailles, les augures étaient plus ou moins favorables. Ainsi, lorsque l’armée partait en campagne, on transportait dans des cages des poulets sacrés dont la fonction était de donner des indications sur les évènements à venir. Dans la pratique, le rôle des augures consistait à déterminer si les dieux approuvaient les décisions des hommes comme une élection, le vote d’une loi ou la décision d’engager une bataille.
Une anecdote résume bien l’importance des augures, elle est liée au mythe de la fondation de Rome. Elle prend place alors que les jumeaux Romulus et Rémus se disputent le gouvernement de Rome. Ce fut un augure du nom de Vettius qui les départagea : à sa demande, chacun des jumeaux se plaça sur un mont différent, et celui qui verrait le plus de vautours serait désigné comme gouverneur de Rome. C’est qui l’emporta après avoir vu 12 vautours alors que son frère n’en vit que 6.
Les haruspices
Autres spécialistes de l’interprétation des signes divins, les haruspices tiraient leur savoir des pratiques divinatoires étrusques. Ils prédisaient l’avenir en observant les signes célestes, comme le tonnerre ou la foudre, et surtout en lisant dans les entrailles d’animaux, tout particulièrement le foie. Contrairement aux augures qui étaient consultés dans des cas précis, ressortant essentiellement de la vie politique, les haruspices étaient consultés pour toutes sortes de raisons. On consultait donc les haruspices pour des questions d’ordre privé, de la même façon que l’on consulte un voyant aujourd’hui. Cependant les haruspices prirent aussi part à la vie politique, avec la mise en place, dans le courant du 2ème siècle avant J.C., d’un collège de 60 haruspices. Ces haruspices occupaient essentiellement un rôle de conseiller et étaient consultés pour expliquer ce que l’on appelait à l’époque « des prodiges », autrement dit des phénomènes inexplicables.
Notons que, tout comme les voyants, les haruspices étaient en butte au scepticisme de leurs contemporains. Ainsi Caton, homme d’État et écrivain, disait que « deux haruspices ne peuvent pas se regarder sans rire ».
Qu’il s’agisse des augures ou des haruspices, la divination est un aspect fondamental de la religion et de la vie quotidienne dans la Rome antique.