La vocation chamanique se manifeste de diverses manières : parfois il s’agit d’une voix intérieure qui ordonne à l’individu d’entrer en contact avec les « esprits », parfois il s’agit d’une transmission familiale de génération en génération, parfois encore, l’appel se manifeste à l’occasion d’un grand malheur, d’une maladie ou d’une perte familiale. Dans tous les cas, le futur chamane passera par une formation contraignante, difficile et exigeante.
Lorsque l’appel chamanique se manifeste par une voix intérieure, peu de jeunes gens, en général, sont enclins à y répondre. Devenir chamane, implique une nouvelle manière de s’habiller, une nouvelle hygiène de vie, des contraintes de solitude et surtout un engagement physique difficile. Souvent, ces jeunes appelés, rechignent à obéir à « l’esprit » qui peut alors apparaître sous une forme extérieure visible.
Le comportement des parents de ces jeunes est souvent très différent, suivant les conditions familiales. Parfois, ils protestent contre l’appel et incite leur enfant à rejeter « l’esprit », surtout si c’est un enfant unique, mais cette attitude comporte des dangers : un enfant contrarié dans son désir de répondre à l’appel, tombera malade pour ensuite mourir.
En revanche, si les parents souhaitent que leur enfant réponde à l’appel, souvent dans les familles nombreuses, ce futur chamane sera une aubaine pour intercéder auprès des esprits en faveur de la famille.
Pourtant l’étape préparatoire est très douloureuse, s’étendant sur de longs mois et passant par des jeûnes à répétition et, tout au moins une nourriture légère, ainsi qu’un isolement de ses semblables.
Pour les personnes d’âge un peu plus mûr, l’appel chamanique peut se manifester lors d’une longue maladie, lors d’une perte familiale ou d’une catastrophe financière soudaine.
Se retrouvant sans ressource, sans aide quelconque et dans un profond désarroi, cette personne se tourne alors vers les « esprits » et réclame leur aide. Si les « esprits » donnent une issue favorable à la demande, on considérera que l’homme qui a surmonté cette épreuve au cours de sa vie, possède en lui les capacités d’un chamane. Il se trouvera donc alors, obligé de se « rapprocher » des « esprits » par crainte d’encourir leur courroux par son manque de gratitude.
Selon le degré d’endurance de l’apprenti chamane, il faudra une à deux années de préparation, avant que les « esprits » lui accordent suffisamment de force et de maîtrise de son art, car rarement dans ces cas, les chamanes ont un maître qui les initie.
Dans certaines régions, l’appel chamanique se traduit par une transmission héréditaire par la lignée paternelle ou maternelle, selon le système prédominant au sein de la tribu. Dans la plupart des cas, le statut de chamane s’impose et tout refus d’accepter de telles responsabilités, peut être puni de maladie ou de mort par les « esprits ».
Le chamane expérimenté choisit alors les jeunes de sa famille qu’ils considèrent comme éventuellement digne de lui succéder. Il va les former comme assistant, et la sélection va s’opérer sur la base de leur résistance physique (jeûnes et affaiblissement du corps, transes et danses interminables) et psychique (crises d’épilepsie, fragilité mentale).
Il est tout à fait permis de renoncer à sa vocation de chamane lorsqu’on est plus âgé, une fois que l’on a pratiqué quelques années, pour des raisons de maladie, d’âge, ou tout simplement pour une baisse des pouvoirs chamaniques qui pourrait avoir des répercussions désastreuses sur les patients.
Le phénomène chamanique, quelques soient les régions, apparaît souvent de façon spontanée auprès des « appelés des esprits ». Il est difficile pour eux de s’y soustraire sous peine de représailles.