A la différence des autres cultes qui utilisent des statues et des icones, le culte Vaudou haïtien préfère des dessins qui définissent les divinités invoquées. On les appelle les « Vévés ». Ces dessins ont une origine africaine et s’éloignent de l’influence européenne. Dessinés au sol, ils deviennent vite des schémas au graphisme complexe mais harmonieux, des figures géométriques mystérieuses dont seuls les initiés en connaissent le sens. Le Vévé est un art éphémère.
Le Vévé est un graphique symbolique que les prêtres ou les prêtresses Vaudou dessinent autour du Poteau-mitan avec toutes sortes de poudre, farines, cendres, craie ou poudre d’herbes.
Le Vévé correspond à un LOA, et réunit tous les symboles stylisés qui peuvent le représenter. Par exemple :
Quand le prêtre ou la prêtresse vaudou dessinent au sol un Vévé, ils le dessinent avec de la farine de maïs, de la poussière de brique, d’écorce d’arbre, de la cendre, de la craie ou du marc de café.
Le Vévé se dessine en traits fins, en laissant s’écouler la poudre entre le pouce et l’index. Il est accompagné par des chants de ses adeptes qui sont chargés d’amener l’énergie de la pièce au niveau souhaité. Il demande de la part de son créateur, un savoir-faire, une maîtrise de la perspective et une bonne coordination des mouvements.
Le Vévé est destiné à la consécration les esprits. Les symboles qui le composent représentent la divinité, le LOA, et l’oblige à entrer en relation avec le prêtre ou la prêtresse. Dans le culte Vaudou haïtien, une entité divine se traduit par la possession du corps d’une des personnes présentes à la cérémonie. Pendant tout le temps du rituel, cette personne possédée va avoir la gestuelle, les capacités et l’expression du visage de la divinité. Le possédé se trouve alors dans une sorte de transe et ne retrouve la possession de son corps, qu’à la fin du rituel.
Quand le prêtre ou la prêtresse ont terminé le dessin, ils répandent dessus une offrande, souvent du maïs grillé ou un autre aliment séché, et ils versent de l’acassan ou du rhum.
Le rituel se répète trois fois, et ensuite, le prêtre ou la prêtresse agitent le hochet au-dessus du dessin et énoncent les formules rituelles. Puis ils posent une bougie au centre du Vévé. Les participants à la cérémonie versent de l’eau sur le dessin pour saluer la divinité. Ils y déposent alors les corps des animaux sacrifiés.
A chaque LOA sont attribués des objets précis, des plantes, des animaux, que l’on dépose sur le Vévé.
Dans leur taille originale, les Vévés peuvent atteindre plusieurs mètres carrés.
De nos jours, il suffit d’afficher un Vévé pour indiquer un lien avec le Vaudou. Pourtant, cette graphie sacrée n’a pas de vocation illustrative, elle est par nature éphémère et doit s’effacer par les offrandes et les danses du rituel.