Le costume chamanique constitue en lui-même le symbole cosmique des forces spirituelles multiples des esprits. Il représente avec transparence le mythe du chamanisme. Dans ses détails pratiques, il varie beaucoup selon la région, l’ethnie et les visions cosmologiques qui sont propres au groupe. Accompagné du tambour, ils jouent un rôle de premier plan dans les cérémonies chamaniques.
La révélation du costume, sa préparation, son entretient, s’accompagne des mêmes précautions que tout « objet sacré ». Il symbolise un mélange de crainte, d’appréhension et de respect. Il est la synthèse matérielle de la représentation chamanique de l’Univers.
Au moyen de tous ses ornements, le costume chamanique tend à pourvoir le sorcier d’un nouveau corps magique. Le simple fait de porter ce costume permet de transcender les pouvoirs du chamane : pouvoir de guérison, pouvoir de divination, pouvoir d’accès aux esprits.
Le nouveau corps magique du chamane revêt souvent la forme d’un animal. On retrouve donc souvent évoqué dans le costume chamanique les animaux tels que :
On retrouve donc souvent des plumes, des pattes, des ailes, des griffes, des serres de rapaces, des dents, des bois de cerfs ou de rennes, comme ornements sur les costumes chamaniques. Tous ces grigris deviennent des détails majeurs dans la magie du costume.
Il n’est pas rare que le nombre d’objets suspendus au costume atteigne couramment plusieurs centaines et que ce costume puisse peser une quarantaine de kilogrammes.
Certains objets sur le costume du chamane peuvent imiter ou évoquer le squelette humain, celui du chamane lui-même. Ce squelette proclame le statut spécial de celui qui le revêt (mort et ressuscité). Il résume et réactualise le drame de l’initiation.
Le costume apparaît alors comme une « Pierre de Rosette » dont le décodage nous donne la clef de la pensée chamanique. De même que chaque hiéroglyphe représente une idée, chaque objet du costume incarne un esprit.
Maintenant, il serait imprudent de vouloir en tirer une généralité : chaque costume de chamane est unique. Il reflète l’histoire de son propriétaire, ses rituels, son expérience, ses succès et ses prétentions de pouvoir.
A l’inverse, la symbolique du tambour dans les cérémonies chamaniques est complexe et ses fonctions magiques multiples.
Constitué généralement d’une peau animale naturelle tendue sur un cadre, il est l’un des plus vieux instruments de musique au monde. On trouve sa trace dans les grottes du néolithique. De la forme d’une galette assez plate, peu profonde, on en joue directement avec les mains.
L’animation du tambour suit le processus typique des objets sacrés. Il est indispensable au déroulement de la séance chamanique. Il facilite la modification de l’état de conscience nécessaire au voyage. Il transporte le chamane au « Centre du Monde » et est, logiquement, assimilé à l’Arbre chamanique, le Pilier Cosmique aux multiples échelons. Il permet au chamane de voler dans les airs. Il appelle et emprisonne les esprits.
Enfin, le tambourinement, le martèlement du rythme, permet au chamane de se concentrer pour prendre contact avec le monde spirituel qu’il se prépare à parcourir lors d’une séance.
Le costume et le tambour sont les principaux instruments du pouvoir du chamane. Ils sont aussi les principaux moyens de voyage. Ils permettent aux chamanes de communiquer avec le monde surnaturel et cette expérience équivaut à une restauration du temps mythique primordial.