Un Esprit incarné aspire toujours à la délivrance, d’autant que l’enveloppe charnelle qu’il a incarnée est grossière. Il est comme un prisonnier qui ne se plaît pas sous les verrous. Un esprit n’étant jamais inactif, il profite alors des périodes de sommeil, alors que les liens qui l’unissent au corps sont relâchés, pour parcourir l’espace et entrer en relation directe avec les autres Esprits.
Le sommeil délivre en partie l’âme du corps. Quand on dort, on est momentanément dans un état qu’on peut définir proche de la mort. Les Esprits élevés, qui très tôt sont dégagés de la matière, ont des sommeils intelligents. Ceux-là rejoignent la société des autres Esprits supérieurs, ils voyagent, ils s’instruisent avec eux.
Par l’effet du sommeil, les Esprits incarnés sont toujours en rapport avec le monde des Esprits, et c’est ce qui fait que les Esprits supérieurs consentent, sans trop de répulsion, à s’incarner dans la matière corporelle terrestre. Dieu a voulu que pendant leur contact avec le vice, ils pussent aller se retremper à la source du bien. Le sommeil est donc la porte que Dieu leur a ouverte vers les Esprits, vers le « Tout Universel ».
Ce qui engendre la sympathie sur la terre : au réveil, on se sent rapproché par le cœur de ceux avec qui on vient de passer huit à neuf heures de plaisir.
Mais le sommeil complet n’est pas toujours nécessaire pour l’émancipation de l’Esprit. Le simple engourdissement des sens, le moindre demi-sommeil, le moindre répit que laisse le corps, permet à l’Esprit de se dégager et d’accéder à sa liberté.
Et le rêve est l’instrument de cette émancipation.
Le rêve est le souvenir de ce que l’Esprit a vu pendant le sommeil. Par les rêves, le corps se repose et l’Esprit se libère et développe ses facultés : il a le souvenir du passé et quelquefois la prévision de l’avenir. Il acquiert plus de puissance et peut entrer en communication avec le autres Esprits.
Souvent on dit : « j’ai fait un rêve bizarre, un rêve affreux, mais qui n’a aucune vraisemblance ». Mais, c’est une erreur. C’est souvent le souvenir des lieux et des choses que l’on a vues ou que l’on verra dans une autre existence. Le corps étant engourdi, l’Esprit tâche de briser sa chaîne en cherchant dans le passé ou l’avenir.
Le sommeil délivre l’âme du corps, le rêve, la sublime. Une sorte de clairvoyance indéfinie s’étend aux lieux les plus éloignés ou que l’on n’a jamais vus, et quelquefois même, à d’autres mondes. De là provient le souvenir de l’existence présente et des existences antérieures, un mélange d’images étranges, un ensemble bizarre et confus où s’entremêlent les choses du monde actuel et des choses de mondes inconnus. L’incohérence des rêves s’explique par les lacunes que produit le souvenir incomplet de ce qui est apparu en songe.
Le corps étant une matière lourde et grossière, il conserve difficilement les impressions perçues par l’Esprit. Il les pressent seulement, résultat du trouble qui, à la mort du corps, conduit les Esprits peu élevés à rester dans une incertitude floue qui peut durer de longues heures.
C’est pour cela qu’il ne faut pas donner une interprétation aux rêves. Ils sont vrais, en ce sens qu’ils présentent des images réelles pour l’Esprit, mais ils sont faux au niveau de la vie corporelle.
Le sommeil et les rêves sont les moyens d’émancipation des Esprits. En un mot, le sommeil influe plus qu’on ne le pense la vie terrestre et matérielle.