Le sacrifice était le privilège des druides. Contrairement à ce que laissaient croire des textes antiques mal compris, tels ceux de Pline l’Ancien, il ne fallait pas voir dans ce rituel un acte barbare. Les druides celtiques, et particulièrement gaulois, ne sacrifiaient pas les animaux sauvages, qu’ils consommaient d’ailleurs fort peu, considérant ceux-ci comme appartenant au domaine du divin. Ils offraient à leurs dieux des animaux domestiques, mais ni plus ni moins que ne l’avaient fait les grandes civilisations antiques.
C’est dans les formes du sacrifice que la religion celtique, et à fortiori, gauloise, montre ses affinités avec les plus grandes : grecques, romaines, mais aussi aztèques, incas ou égyptiennes, qu’elles leur aient été contemporaines ou totalement inconnues.
La mise en évidence par l’archéologie d’ossements d’animaux, quelques fois exhumés en grande quantité, montre que le rituel du sacrifice faisait partie intégrante du culte druidique, offrandes aux dieux, principalement de bovidés, mais aussi de moutons et de porcs.
L’excellent état de conservation des os de ces animaux sacrifiés a montré que les bêtes subissaient des traitements différents, et en conséquence, des sacrifices distincts, principalement de deux types :
Le premier, peut être le plus spectaculaire, ne concernait que les bovidés.
Sur le site archéologique de Gournay-sur-Aronde, en France, on peut reconstituer les grandes étapes du rituel qui les mettait en scène avec la profusion d’os retrouvés : quelques cinquante taureaux, vaches et bœufs, à peu près à parts égales, tous extrêmement âgés, ce qui laisse à penser que leur chair n’était plus consommable par les êtres humains, ont été sacrifiés régulièrement pendant près d’un siècle et demi. Leur mise à mort était effectuée près d’un autel creux en pierre avec des modes variés :
L’animal était ensuite jeté entier dans une fosse où il demeurait à pourrir pendant six à huit mois, alimentant ainsi, selon la croyance celtique, les dieux du sous-sol. A l’issue de cette période, la carcasse était retirée de la fosse et les os faisaient l’objet d’un partage rigoureux :
Le deuxième, concernant les moutons et les porcs, relevait d’un type de sacrifice plus habituel.
Les animaux sacrifiés étaient souvent très jeunes, agneaux ou porcelets. Les sacrifiés, après avoir été découpés, faisaient l’objet d’une consommation humaine, certainement des festins élitaires entre des chefs guerriers et des druides, qui se réunissaient dans l’enceinte sacrée du sacrifice, pour mieux communier avec les dieux.
Véritable leitmotiv des textes antiques concernant les celtes gaulois, les sacrifices humains n’ont jamais été attestés directement. Certes, on a retrouvé souvent des os humains sur les lieux de culte, ce qui laisse à penser que les druides avaient accès à ces rituels, mais les recherches archéologiques tendent à prouver que ces offrandes humaines se faisaient avec le corps des ennemis ayant péris sur le champ de bataille et le corps des vainqueurs que l’on honorait en les offrant aux dieux.
L’exemple le plus frappant est donné sur le site de Ribemont-sur-Ancre dans la Somme, où plusieurs dizaines de milliers d’os humains, ainsi que des armes, gisent à l’extérieur et à l’intérieur d’une enceinte sacrée, construite après une grande bataille. Les corps de l’enceinte extérieure, sans tête, car les guerriers gaulois avaient coutume de prendre en trophée les crânes de leurs ennemis, étaient exposés debout avec leurs armes et les dépouilles de leurs chevaux, tandis que les corps dans l’enceinte intérieure, des soldats celtes, avaient subi un véritable traitement funéraire.
Les découvertes archéologiques donnent raisons aux auteurs grecs et romains, les druides avaient bien un rôle primordial dans l’exercice du culte et des sacrifices, mais ils n’étaient pas les bouchers barbares qu’on a cru.