Si le détachement du corps est un passage obligé pour l’Esprit lors de la mort du corps, dans le sens inverse, un retour dans un nouveau corps est aussi une formalité que doit accomplir l’Esprit jusqu’à ce qu’il est atteint le niveau suprême où il ne se réincarne plus. La réincarnation est donc une nécessité de la vie spirite, comme la mort est une nécessité de la vie corporelle.
Lorsqu’un Esprit pressent le retour à une vie incarnée, comme un aveugle sent le feu dont il s’approche, une série de facteurs lui annoncent ce retour imminent, mais il ne sait pas exactement quand cela arrivera.
Il est vrai que tous les Esprits ne se préoccupent pas de leur réincarnation. Pour certains, des Esprits peu développés, ils ne la comprennent même pas. Tout va dépendre de leur nature plus ou moins avancée dans la purification. L’Esprit peux retarder ou avancer le moment de sa réincarnation. Il peut la rapprocher en l’appelant de ses vœux, comme il peut s’en éloigner en reculant devant l’épreuve. Parmi les Esprits, il en est comme des hommes, des lâches et des indifférents. Mais l’Esprit en souffrira.
L’avancement étant un besoin que l’Esprit éprouve, il doit à un moment ou un autre embarquer dans une aventure corporelle, c’est son destin.
C’est une réalité ! L’Esprit est toujours désigné d’avance. Dieu, qui sait tout et voit tout, y pourvoit. L’union d’un Esprit avec un corps n’est pas une décision de dernière minute. Mais l’Esprit peut aussi choisir le corps, car les imperfections de ce corps sont pour lui autant d’épreuves qui aident à son avancement. Quand il y a symbiose entre la mission de l’Esprit et les obstacles qu’il va rencontrer au contact du corps choisi, Dieu ne voit pas d’inconvénient en ce choix. Le but étant la montée de l’Esprit vers un état de purification totale.
Quand l’union de l’Esprit avec le corps est imposée par Dieu, c’est que, soit l’Esprit n’est pas encore apte à faire un choix en connaissance de cause, soit l’Esprit a eu un comportement dans une vie antérieure qui demande expiation, et cette imposition de Dieu va conduire l’Esprit à embrasser la cause d’un sujet qui aura, par sa naissance et sa position dans le monde matériel, à devenir un sujet de châtiment.
Cette prédestination des corps et des Esprits évite que plusieurs Esprits se présentent pour un même corps. Il arrive souvent qu’ils le demandent, mais Dieu juge dans ce cas là et tranche.
Comme pour la sortie du corps, à la mort de celui-ci, l’Esprit est plongé dans un trouble encore plus grand et surtout plus long, au moment de l’incarnation. Alors qu’à la mort du corps matériel, l’Esprit sait qu’il sort de l’esclavage, il sait aussi à l’incarnation, qu’il y entre.
L’Esprit est alors dans un état d’esprit proche du voyageur qui s’embarque pour une traversée périlleuse, dont il sait à quels périls il s’expose, mais dont il ne connaît pas l’issue, fatale ou non.
De même que la mort du corps est une sorte de renaissance pour l’Esprit, l’incarnation est aussi une petite mort. Pour le moins, un exil et une claustration. L’Esprit sait qu’il quitte le monde spirite pour le monde corporel. Il sait qu’en temps voulu il quittera ce corps pour redevenir Esprit, mais comme pour l’homme qui ne sait quand il mourra, l’Esprit n’a conscience de sa fin de vie terrestre qu’au dernier moment. Cette incertitude le place dans une grande anxiété qui peut transparaître dans sa vie terrestre.
Si le retour à la vie corporelle est l’inverse de la séparation du corps, pour l’Esprit c’est une épreuve plus douloureuse car il ne sait comment il vaincra les épreuves qui vont lui être présentées.