Le spiritisme codifié par Allan Kardec est une philosophie spiritualiste qui apparaît à Paris en 1857 et qui donne naissance à un mouvement doctrinaire en Europe, jusqu’au début du XXème siècle. Fondé sur la croyance en l’existence, la manifestation et l’enseignement des Esprits, ce courant de pensée se traduit dans la pratique, par une communication avec ces Esprits, souvent des défunts, par l’intermédiaire de Médiums. Les premiers faits observés ont été ceux d’objets divers mis en mouvement : on a désigné vulgairement ces phénomènes sous le nom de « tables tournantes ». Ayant soulevé beaucoup d’incrédulité, ces expériences se sont propagées à travers le monde.
Ce mot est un néologisme inventé par Allan Kardec, pour nommer la nouvelle doctrine dont il était le créateur. Probablement inspiré par le mot anglais « spiritism », Kardec expliqua qu’on devait utiliser ce nouveau mot pour le différencier du mot « spiritualisme », dont la doctrine proclame des valeurs philosophiques et spirituelles.
Le spiritisme est donc une doctrine spiritualiste qui progressivement a été associée à toutes les activités visant à communiquer avec l’au-delà.
C’est en 1847 que naît réellement le spiritisme, au sein d’une famille américaine de l’Etat de New York, les Fox, dont trois sœurs affirment entendre des coups dans les cloisons et les meubles, bruits qui semblent répondre de manière intelligente à certaines questions. Ce phénomène constaté par un nombre croissant de témoins, est attribué à l’Esprit d’un colporteur assassiné par un ancien locataire. Grisées par leur popularité, les sœurs Fox multiplient les exhibitions et suscitent des vocations dans tous les Etats-Unis.
En 1852, le phénomène se transmet à l’Angleterre, l’année suivante la mode des tables tournantes touche la France. Tous les salons de la bonne société du Second Empire discutent du sujet et tentent des expériences paranormales.
En 1854, un instituteur lyonnais, Léon Rivail, découvre ces séances pendant lesquelles on « magnétise les tables ». Il fréquente alors les filles d’une famille qui se déclarent être médiums et progressivement note une synthèse de réponses aux questions qu’il a méthodiquement préparées.
En 1857, il publie le « livre des esprits » qui connaît un succès foudroyant. L’année suivante il fonde une revue sur le spiritisme, « la Revue spirite » dont les collaborateurs ne sont autres que Victor Hugo, Camille Flammarion, parmi les plus connus. En quelques années le spiritisme se propage dans le monde entier.
Les adeptes du spiritisme croient que Dieu a créé l’homme sous la forme d’un Esprit, et que cet Esprit en chaque créature est destiné à évoluer vers toujours plus de perfection. Pour réaliser cette progression, Dieu a donné une recommandation aux hommes, l’aimer et aimer leurs semblables, et leur a laisser le libre arbitre, c’est-à-dire la responsabilité de leurs actes.
Afin de réparer les éventuelles erreurs que les hommes ne manquent pas de faire, les Esprits peuvent s’incarner à volonté, ainsi, chaque être humain sur Terre, est l’un de ces Esprits incarnés, c’est-à-dire temporairement lié à un corps de matière sans souvenirs.
La naissance provoque une amnésie temporaire, ainsi les actes de vie restent spontanés. Les mauvais penchants de chacun, ainsi que ses vocations, témoignent de la raison de l’incarnation. La vie terrestre devient alors un terrain d’épreuves et de probations destiné à corriger les défauts.
Après le décès, les Esprits, suivant leur niveau d’évolution, se réincarnent ou restent en attente. Les Esprits non incarnés peuvent alors communiquer avec l’humanité.
En tant que mouvement social non conventionnel, préoccupé par le progrès et la morale, le spiritisme est parfois qualifié de religion laïque. C’est un mouvement de libres penseurs croyants qui au XIXème siècle était en avance sur son temps en proclamant, l’abolition de l’esclavage, l’abolition de la peine de mort et le droit de vote aux femmes.