Ce que fut le Druide originel, personne ne pourra nous le dire. Tout d’abord à cause de ce que l’on a appelé le « tabou de l’écriture », autrement dit, le fait que les Druides, qui n’ignoraient pas l’écriture, se refusaient à lui confier leur savoir et leur enseignement. Ensuite, à cause des persécutions romaines pendant la conquête de la Gaule, et plus tard, par les décrets d’interdiction de pratiquer, pris par les empereurs romains. Enfin, à cause des persécutions chrétiennes.
Le druide antique était, nous l’avons vu, l’autorité spirituelle qui administrait le sacré au sein de la communauté celte. Cette fonction lui était octroyée parce qu’il avait le savoir et la connaissance et qu’il était en contact direct avec les dieux.
Prêtre et intellectuel, il orientait l’activité religieuse, présidait les cérémonies, donnait des conseils et surtout enseignait ce savoir religieux ancestral. Il avait le privilège des sacrifices, autant animaux que humains, c’est lui qui les ordonnait et souvent il les pratiquait lui-même. En tant qu’intermédiaire entre les dieux et les hommes (guerriers et producteurs) représentés par le roi, il enseignait un des fondements de la civilisation celte, l’immortalité de l’âme. Il pouvait parler au nom des divinités puisqu’il était lui-même considéré comme un dieu.
Le druide antique cumulait tous les pouvoirs : il était placé au sommet de la hiérarchie sociale, avant le roi celte, il n’était soumis à aucune interdiction et obligation, il avait droit de vie et de mort sur tous, mais il respectait le droit de s’exprimer avant de se prononcer.
Il régissait toute l’activité publique : justice pour le droit public et privé, magie, médecine, prédictions, divination, généalogie. Il se chargeait de raconter les exploits royaux et les hauts faits d’armes des tribus aux futurs druides et aux guerriers.
En période de guerre, il décidait du moment opportun pour mener les batailles ou du moment propice pour les arrêter. Il protégeait les guerriers avec ses exhortations, il leurs lançait des sortilèges censés donner la victoire. Il était normalement dispensé de service militaire, mais il arrivait qu’il participât au combat.
Le druide était aussi chargé du rôle d’Ambassadeur auprès des autres tribus. Il participait aux négociations diverses, il concluait des traités d’amitiés ou d’alliances. Il avait un vrai rôle de diplomate représentant du roi.
Le druide, avec le roi, formait un équilibre dans la société celtique. Il était pour les Celtes inconcevable qu’il puisse y avoir au sein d’une communauté un roi sans druide ou un druide sans roi.
Le druidisme était réservé exclusivement aux hommes. Cependant, en Gaule, les femmes pouvaient accéder à la fonction, mais seulement dans les activités de divination avec ou sans magie. Ces druidesses étaient toutefois plus que des diseuses de bonne aventure, elles participaient vraiment à la vie du clan et au bon déroulement de la vie sociale.
En Irlande, le druidisme fut schismatique dès la première heure, et n’ayant subit aucune influence et restriction des envahisseurs romains, il est difficile de pénétrer le sens des sagas irlandaises, très différentes de celles du continent et même de Grande-Bretagne.
Au Pays de Galles, dans l’île d’Anglesey, les jeunes aspirants druides partaient en stage pour être initiés par des druidesses, sur les plans guerriers, magiques, philosophiques et… sexuels. Dans cette île qu’ils appelaient « Terre de Mona », grand centre spirituel celtique druidique, l’offrande « amicale des cuisses » des druidesses, faisait partie de la formation. Un jour de pleine lune, tous les initiés furent égorgés par ordre de César, et le centre druidique incendié.
La place du Druide dans la civilisation celte apparaît comme la quintessence du développement de cette civilisation, brutalement bouleversée par l’envahisseur romain.