La naissance du spiritisme est associée directement avec la communication avec les Esprits. Et cette communication s’est faite par l’entremise de manifestations physiques, c’est à dire le déplacement de corps solides. L’effet le plus simple, et l’un des premiers qui aient été observés, consiste dans le mouvement circulaire imprimé à une table. Cet effet se produit également avec d’autres objets, mais la table est celui sur lequel on s’est le plus exercé. Le nom de « tables tournantes » a prévalu pour la désignation de ce phénomène.
Ce phénomène, né aux Etats-Unis avec les sœurs Fox, a pendant quelques temps alimenté la curiosité des salons français. Puis on s’en est lassé pour passer à d’autres distractions, car les gens frivoles ne consacrent rarement plusieurs hivers au même amusement.
Pour les gens plus graves et observateurs, il en est sorti quelque chose de sérieux, la définition d’une science. L’abandon apparent des tables tournantes, sujet de railleries des sceptiques, n’en n’est pas moins le point de départ de la doctrine spirite.
Dans le phénomène des « tables tournantes », la forme de la table, la substance dont elle est faite, la présence de métaux, de la soie dans les vêtements des assistants, des jours, des heures, de l’obscurité ou de la lumière, sont aussi indifférents aux Esprits que la pluie ou le beau temps. Le volume seul de la table y est pour quelque chose, mais dans le cas seulement où la puissance, du ou des Médiums, est suffisante pour vaincre la résistance. Dans des conditions favorables, une seule personne, un enfant même, peut faire soulever une table de cent kilos, alors que, dans des conditions moins favorables, douze personnes ne feraient pas mouvoir le plus petit guéridon.
Car, pour la production du phénomène, l’intervention d’une ou plusieurs personnes douées d’une aptitude spéciale est primordiale. C’est sous le nom de Médiums que l’on désigne ces personnes aux aptitudes spéciales. Le nombre des participants est indifférent. Quant à ceux dont la médiumnité est nulle, leur présence est sans résultat sur le phénomène, et même plus nuisible qu’utile.
Tous les Médiums ne jouissent pas de la même puissance et produisent, par conséquent, des effets plus ou moins prononcés. Pour certains, il leur suffira de poser les mains sur la table pour qu’à l’instant elle se dresse, se renverse, fasse des soubresauts, ou tourne avec violence. Il n’y a aucun indice de la faculté médiumnique, l’expérience seule la faisant connaître.
Au début des premières expériences, on a cru qu’il fallait former une sorte de chaîne autour de la table afin qu’un courant, une sorte de fluide circule. On s’est rendu très vite compte qu’il n’en était rien. La seule prescription rigoureusement obligatoire pendant ce phénomène, c’est le recueillement, le silence absolu, et surtout, la patience si l’effet se fait attendre. Le temps dépend toujours de la puissance médiumnique des coparticipants.
Lorsque l’effet commence à se manifester, il peut arriver qu’on entende un petit craquement dans la table. On peut sentir un frémissement, comme si la table faisait un effort pour se mettre en mouvement, puis le mouvement de rotation se prononce, s’accélère, au point que le mouvement établi, on peut s’écarter de la table qui continue à se mouvoir sans aucun contact.
Dans d’autres cas, la table se soulève, se dresse, se balance dans un mouvement de tangage. Quand la puissance médiumnique est considérable, la table se détache du sol et se maintient en apesanteur, allant même parfois jusqu’au plafond.
On se demandera comment l’Esprit, à l’aide d’une matière aussi subtile, peut agir sur des corps lourds et compacts. Difficile de répondre. Sujet de railleries de la science, le phénomène des « tables tournantes » a été avéré par de nombreux témoins qui n’ont vu aucune supercherie.