Né Joseph Paul Oswald Wirth en 1860 dans un petit village de Suisse alémanique, il commença sa carrière comme magnétiseur. C’est en 1887 qu’il fit une rencontre fondamentale en croisant la route de Stanislas de Guaita, dont il deviendra le secrétaire et le collaborateur, mais surtout l’ami jusqu’à la disparition prématurée de Guaita en 1897. On dit que ce dernier faisait une consommation effrénée de stupéfiants et qu’il est mort d’une overdose. La thèse est démentie par la famille qui pense que sa disparition est due à de graves problèmes rénaux. Cependant, comme beaucoup d’occultistes, il avait recours à des produits psychotropes. Oswald Wirth lui-même finira sur un fauteuil roulant pour avoir trop abusé d’excitants lors de ses séances de magnétisme. Il disparaîtra en 1943.
Oswald Wirth était un personnage discret et mystérieux et pour le moins très modeste. Quand il reçut la lettre de Stanislas de Guaita qui l’invitait, et pour laquelle il avait été prévenu de façon anecdotique par une patiente avec laquelle il pratiquait une séance de magnétisme quelques semaines auparavant, il s’attendait à voir un vieil érudit. Ne fut-il pas surpris de rencontrer un jeune homme blond, aux yeux bleus, de vingt-six ans.
Il fut conquis par ce savant occultiste. De Guaita lui apprendra la Kabbale, la haute métaphysique et surtout les subtilités de la langue française (Wirth était de Suisse alémanique). Oswald Wirth dira de Stanislas de Guaita, qu’il lisait tout et comprenait tout avec une prodigieuse facilité. Or Oswald était doué, il dépassera le maître en ce qui concerne le symbolisme. Auteur de nombreux ouvrages, il écrira sur la Franc-Maçonnerie dont il fera parti, s’intéressera aux Rosicruciens, à l’Alchimie et à l’Astrologie.
Dès leur première entrevue en 1887, De Guaita, sachant Wirth bon dessinateur, il lui demandera de restituer aux 22 arcanes du Tarot leur pureté hiéroglyphique. Prenant en exemple un jeu de Tarot français et un autre italien, étudiant le dogme et le rituel de la haute magie, les écrits de Eliphas Lévi, Oswald Wirth proposera à De Guaita une première mouture d’un Tarot redessiné, empreint de symbolisme. Après quelques critiques du maître, quelques corrections, en 1889 parut le Tarot Kabbalistique, tiré à trois cent cinquante exemplaires.
Vite apprécié des occultistes, ce Tarot ne satisfaisait pas pleinement son auteur, qui, avec l’aide de Stanislas de Guaita, se mit au travail pour acquérir la science du symbolisme.
S’attaquant au symbolisme des Francs-Maçons, il fut amené à comparer celui des Alchimistes, puis la philosophie des Symbolistes du Moyen-âge. En 1922, alors que son ami De Guaita était déjà disparu depuis un quart de siècle, qu’il sentait que la mentalité du vingtième siècle ne se prêtait pas à la divination, il finit par accepter de remettre à un éditeur, les éditions du serpent vert, son travail qui tournait à l’obsession. Par on ne sait quelle magie, le manuscrit fut perdu.
Profitant de vacances en 1924 et 1925, il se remit à l’ouvrage et enfin publia un manuscrit de référence pour accompagner le travail de dessinateur qu’il avait accompli trois décades plus tôt, le Tarot des imagiers du moyen-âge. Ce livre reste encore auprès de tous les bons spécialistes des arts divinatoires, un ouvrage majeur.