Il aura fallu attendre le milieu du vingtième siècle, pour que les anthropologues, à grands renforts de rapports et d’études détaillées, désignent d’un mot, les sorciers venant de régions très différentes les unes des autres, et qui étaient nommés en des termes si disparates, alors qu’ils exprimaient les mêmes pratiques et la même signification.
Au XVIIe siècle, les Russes commencèrent à coloniser la Sibérie et notamment la Sibérie Orientale, et rencontrèrent des individus qui affirmaient pouvoir entrer en communication avec les esprits. Ces hommes s’appelaient eux-mêmes les Saman ou Shaman.
Les anthropologues découvrirent alors que les pratiques de ces sorciers étaient analogues à celles de nombreux peuples, les Mongols, les Népalais, les Chinois, les Japonais, les Indiens d’Amérique du Nord et d’Amérique du Sud, mais aussi les Aborigènes australiens et les peuplades africaines.
De là, à penser que l’esprit chamanique était parti de la Sibérie et avait essaimé de la Baltique à l’Extrême-Orient et sans doute franchi le détroit de Béring avec les premiers Amérindiens, il n’y a qu’un pas. A moins que ce mouvement ne soit apparu spontanément dans différentes parties du monde ?
Le mot chamane ou chaman est donc connu depuis le XVIIe siècle et introduit par l’Archiprêtre Avvakoum Petrov Kondratiev, qui avait observé auprès des Tunguz de Sibérie Orientale, qu’ils utilisaient le mot Saman, qui en langue Evenki signifie : « danser, remuer, bondir, s’agiter ». Le Shaman est donc « celui qui sait », « celui qui bondit et qui s’agite ».
C’est l’Anthropologue suisse Alfred Métraux qui utilisa le premier cette étymologie sibérienne pour désigner les sorciers d’Amazonie qu’il étudiait, les Piai. Constatant qu’il existait une cohérence entre les chamanes de Sibérie et d’Amazonie, dans leurs fonctions de guérisseurs et d’enchanteurs du gibier, il introduisit le terme Chamanisme, comme le nom général pour désigner une conduite, une technique, une fonction dans un groupe ethnique.
L’institution chamanique dépasse aujourd’hui largement la région sibérienne puisqu’on assiste maintenant avec le New Age, à un Néo-Chamanisme.