Le « Nemeton » désigne le sanctuaire, le lieu sacré où les Celtes pratiquaient leur culte. L’équivalent gaélique est « Nemed » qui signifie sacré. Ce terme « Nemeton » est attesté dans les inscriptions anciennes rédigées en langue gauloise, utilisant soit l’alphabet grec, soit l’alphabet latin. A l’origine, il signifie certainement le « bois sacré » avant de glisser vers le sens de « sanctuaire » ou « d’enclos ».
Ces lieux sacrés se retrouvaient dans tout le monde celtique, aussi bien en Grande-Bretagne, qu’en Hongrie, en Allemagne, en Suisse, en République Tchèque et, bien évidemment, en Gaule, où l’archéologie a démontré la richesse et l’abondance de ces sites.
Le Nemeton était d’abord un espace ouvert et herbeux dans une forêt ou une clairière. C’était le temple druidique celte au milieu de la nature. Cela s’explique par le fait qu’à cette époque, la forêt couvrait un large territoire et que l’imaginaire collectif accordait toutes sortes de légendes et de mystères aux forêts, lieux difficiles d’accès par excellence, et repères des druides qui aimaient s’y ressourcer.
En premier lieu, les Celtes accordaient, par l’enseignement de leurs druides, des vertus sacrées aux forêts, berceau de leur peuple et siège des divinités comme Arduinna, Esus ou Cernunnos.
Ensuite, pour les druides celtes, les arbres avaient droit au respect, car considérés comme des êtres vivants doués d’une âme, ayant une vie propre et donnant à l’ensemble forestier, une vie supérieure, émanant du regroupement de toutes ces entités.
Ces arbres remarquables, devenant sacrés et élus des dieux, donc protégés par les hommes, on comprend mieux pourquoi les druides avaient choisi ces lieux pour pratiquer leurs cérémonies et en faire des sanctuaires.
A titre d’exemple, on peut citer l’important Nemeton de la forêt du Névet (« Neved » en Breton) à côté de Locronan en Bretagne, la forêt de Brocéliande, toujours en Bretagne, où subsiste la fontaine de Barenton (déformation du breton « Belenton », autrement dit en Celte « Belnemeton », le bois sacré de Belenos), ou bien encore, le bois sacré de Dodone qui entourait le chêne oraculaire de Zeus.
Le système celtique des forêts frontières, lieux légendaires et sacralisés a contribué à façonner le paysage gaulois. Quoique possédant une agriculture florissante et une population nombreuse, la Gaule d’avant la conquête romaine, disposait de vastes massifs forestiers. La plupart étaient entretenus et pieusement conservés, parce qu’ils abritaient les sanctuaires druidiques, mais aussi pour servir de zone frontalière.
Il faut imaginer que le système politique celtique n’était pas constitué d’un seul grand bloc comme le système romain, mais d’une multitude de tribus autonomes (ce qui facilita la conquête romaine). Il était donc traditionnel pour les tribus celtes de considérer les forêts comme des zones frontalières, au même titre que les rivières ou des reliefs du terrain.
La reconnaissance de ces forêts frontières donnait lieu à une pratique originale : les deux peuples celtes voisins entretenaient une bande forestière de largeur variable, sur leur frontière commune, et considérait que celle-ci était dédiée aux dieux, donc neutre. On pourrait employer aujourd’hui l’expression « No Man’s Land ». Dans ce sanctuaire religieux commun, ce Nemeton, les druides des deux tribus y avaient leur domaine et la traversée en armes de cette zone y était interdite.
Ainsi la forêt était un espace de paix dédié à la spiritualité et aux rapports de bon voisinage, un Nemeton, un bois sacré.
On retrouve les mêmes racines dans le mot « Nemus » en latin, et « Nemos » en grec, que dans le mot « Nemeton » en Celte. Le verbe « Nemô » en grec, exprime l’idée de mettre à l’écart, d’isoler, ce qui correspond bien à la notion du « bois sacré » des druides celtiques.