Une des particularités du Vaudou est sûrement la vénération des jumeaux. Elle occupe une position qui remonte à des coutumes ancestrales africaines. Dans la tradition, le respect dont jouissent les jumeaux, vivants ou morts, repose sur la croyance en un couple de jumeaux divins, Mawu et Lisa. Ils représentent les énergies actives masculines et passives féminines, symbolisées par le Soleil et la Lune.
Le LOA qui règne sur les jumeaux, morts ou vivants, est Marassa. Ses symboles sont deux œufs en signe de fertilité. C’est un des LOA le plus puissant de tous. Il est souvent vénéré en tant que divinité androgyne formant une seule entité cosmique. Chez les peuples africains, on considère qu’ils ont droit de se marier ensemble, puisqu’ils étaient déjà ensemble dans le ventre de leur mère.
Ce culte des jumeaux trouve une correspondance dans la vénération des transsexuels chez les Européens de l’Antiquité et chez les peuples de l’Inde et de l’Asie.
Lorsqu’arrive la naissance de jumeaux dans un groupe adepte du Vaudou, elle suscite beaucoup d’émoi. Les jumeaux sont vus comme des entités particulièrement puissantes, des êtres difficiles, colériques, méchants et hypersensibles. La légende dit que la plupart des jumeaux se détestent, surtout s’ils sont issus du même œuf. Ils essayent même de se tuer dans le ventre maternel.
Le culte des jumeaux dans le Vaudou sert en premier lieu à limiter les dégâts, en veillant à maintenir ces êtres puissants de bonne humeur. La vigilance constante permet qu’ils ne se fassent pas de mal mutuellement, mais aussi qu’ils ne nuisent pas à leurs propres parents.
Chaque famille ayant des jumeaux, morts ou vivants, doit apporter des offrandes. A cet effet, on utilise trois cruches solidaires : deux pour les jumeaux et une pour le LOA Marassa. Les offrandes leurs seront apportées jusqu’à ce qu’ils témoignent de leur satisfaction.
Dans la vie quotidienne, il est important de traiter les deux enfants à égalité. Sinon ils peuvent réagir avec une très grande susceptibilité, et ce serait froisser LOA Marassa. Dans le Vaudou, on considère que ce manque de respect envers Marassa, se traduit par davantage de maladies et de malheurs au sein des familles ayant des jumeaux.
Il arrive même que les jumeaux lancent des sorts puissants contre leurs parents, ce qui se traduit souvent par une maladie non identifiable. Si un tel acte est découvert, le prêtre Vaudou devra lors d’une cérémonie, punir les enfants jusqu’à ce qu’ils jurent de retirer le sort qu’ils ont jeté contre leurs parents.
Les adeptes du Vaudou ne voient pas seulement dans les jumeaux, une source de malheurs, mais surtout une mauvaise utilisation de leurs pouvoirs. Le culte des jumeaux est donc, avant tout, un culte préventif pour apprendre à gérer ces forces extrêmes.
Lorsqu’un jumeau meurt, le survivant met de côté la moitié de sa nourriture et la moitié de tous les cadeaux qu’il reçoit. En terre africaine, au pays des Yorouba, on remplace l’enfant défunt par une figurine qui est nourrie, habillée, lavée et portée comme le serait l’enfant vivant. Cette figurine prend la place du défunt. La femme va même jusqu’à porter dans un pagne attaché autour de la taille, les figurines du jumeau ou des jumeaux morts, ainsi que la figurine de l’esprit des ancêtres, afin de satisfaire le LOA Marassa.
On attribut tellement de pouvoir aux jumeaux, qu’ils ont les pouvoirs de guérir, mais aussi de prédire la pluie et même de l’amener.
De tous les LOAS, le culte Marassa des jumeaux est le plus puissant et le plus vénéré du Vaudou, aussi bien en Afrique qu’en Haïti.