Dans le panthéon des LOAS du Vaudou, il existe une famille d’esprits dont les membres ne sont généralement pas très bienveillants à l’égard des humains. Comme pour les Guédés, tout n’est pas noir et tout n’est pas blanc dans le Vaudou. Même des esprits malveillants et particulièrement dangereux peuvent soutenir les prêtres dans des travaux de guérison, par exemple. Aussi un LOA dangereux doit-il être amadoué et non rejeté.
Dans la famille des esprits des morts, on trouve certains membres très dangereux. Parmi eux, LOA Criminel, qui essaie aussitôt de dévorer celui dont il vient de prendre possession. Cette possession du corps peut conduire à de graves mutilations, car le possédé souvent cherche à mordre sa propre chair.
Des effets similaires apparaissent quand une personne est possédée par le LOA Jean-Zandor, qui passe pour être un esprit violent et colérique. Selon la légende, Jean-Zandor est un petit bonhomme qui chasse les hommes en sautillant sur un pied pour les dévorer. Ou bien il se jette de la cime des arbres sur un passant innocent.
Un autre LOA dangereux apparaît dans cette famille. Il s’agit de Krabinay diabolique, un LOA particulièrement malfaisant qui, par grands bonds, s’attaque à tous, sans distinction, initiés ou spectateurs.
Les LOAS dangereux ne sont pas seulement masculins, la gente féminine y est représentée. Une des LOA féminine les plus redoutée est Marinette-bois-chéche, bras droit de l’esprit magicien Kita, selon la légende. On dit aussi qu’elle est l’épouse de l’ogre Jean-Zandor. Elle apparaît souvent sous forme d’une chouette effraie et ceux qui en sont possédés, se mettent à imiter l’animal dans ses moindres détails. Son culte n’existe que dans certaines régions d’Haïti. On dit que lorsqu’elle se met à chasser l’homme la nuit, elle se transforme en un clin d’œil en Loup-garou. Ses adorateurs sont d’ailleurs le plus souvent eux-mêmes des Loups-garous qui la tiennent pour leur souveraine, et d’ailleurs, au cœur du Vaudou, on reste persuadé que les Loups-garous sont toujours de sexe féminin.
Pour les adeptes du Vaudou, la célébration d’un esprit dangereux est nécessaire pour l’amadouer, à l’aide d’offrandes qu’on dépose dans des lieux choisis. Ces LOAS dangereux ont souvent un rôle à jouer dans les charmes maléfiques puissants, en terme d’aide et de guérison. On n’invoque jamais un esprit dangereux, on tente seulement de l’amadouer si son action peut apporter une aide à la cérémonie. Par exemple, l’esprit Bakulu-Baka ne procède jamais à une possession de corps, s’il n’est pas invoqué.
Néanmoins, lors des cérémonies Vaudou, le prêtre ou la prêtresse, ainsi que tous les participants, restent très vigilants s’il y a apparition d’une telle famille d’esprits. Si l’un des participant est possédé par un de ces esprits, les prêtres ou prêtresse s’efforcent d’y mettre fin aussitôt, avant que des dommages irréversibles ne soient causés. Ils font par exemple exploser des pétards à côté du possédé pour détourner ou mettre en fuite le LOA dangereux.
Le culte Vaudou doit son image ambiguë à ce type de LOAS dangereux. Dans la tradition africaine, au Congo, les LOAS Mondonge et Moussaï, exigent le sacrifice de chiens vivants, dont la divinité arrache la pointe de l’oreille avec ses dents pour sucer leur sang. Les adeptes sont contraints de s’y plier, sinon le LOA cherche une victime dans un humain de la famille qui se refuse au sacrifice du chien.
Les sacrifices, les offrandes n’ont qu’un but : faire que le LOA dangereux renonce à sa chasse à l’homme.
Si les LOAS dangereux existent, les adeptes du Vaudou ne les rejettent pas. Ils essaient seulement de les amadouer pour mieux utiliser leurs forces.