C’est l’arcane II, le chiffre deux signifiant la dualité, la complémentarité. Le début de la quête du Bateleur commence. La première personne qu’il rencontre est la Papesse, femme énigmatique, à demi voilée, devant les portes du temple dont l’entrée est masquée. Mais c’est aussi la lettre hébraïque beth, la bouche de l’homme, son intérieur, l’organe de la parole. C’est aussi la Sophia, selon l’Ancien Testament, la sagesse qui aidait le Créateur. C’est souvent une carte passive qui représente la sagesse ou l’éducation. Elle peut témoigner d’un certain laxisme, mais est plutôt bienveillante.
Une femme, dont un voile couvre sa tête et est maintenu à l’arrière par deux anneaux fixés sur les colonnes du temple, est assise. Le personnage fait référence à Jeanne la Papesse, qui selon la légende, se serait faite passer pour un homme afin d’être élue Pape. Sa main droite tient un livre tandis que sa main gauche tient une clé et une croix. Sur le livre on voit le signe du Yin Yang chinois. Sur son diadème, un croissant de lune judaïque. Le sol est constitué d’un dallage rappelant un échiquier.
Le personnage est assis, signe qu’il sait.
C’est un personnage féminin, signe d’intériorité, de réceptivité.
Les deux colonnes du temple derrière elle, représentent la dualité mais aussi la complémentarité. L’une est bleue, symbole de l’esprit, de l’air. L’autre est rouge, symbole du corps, le feu.
Des deux clés qu’elle a dans la main, l’une est d’or, pour le soleil, la raison, l’actif. L’autre, en forme de croix, est d’argent, pour la lune, l’imagination, l’intuition, le passif.
Sur le livre entrouvert, symbole de la connaissance qui est accessible à celui qui s’en donne la peine, le Yin Yang chinois signifie le principe féminin (yin) et le principe masculin (yang), contraires et complémentaires.
Les dalles noires et blanches du sol, la loi des contrastes (ténèbres et lumières).
Le vêtement rouge et vert rappelle l’énergie et la vie.
La robe bleue au-dessous, la spiritualité intérieure.
L’étole blanche, la pureté et l’immortalité.
La tiare à deux étages est là pour rappeler le monde matériel et le monde intellectuel. La lune au sommet, le psychisme de l’homme. La lune est dans les mythologies, l’intermédiaire entre le divin et l’humain.
Le voile qui cache le visage de la Papesse est le voile de la dualité qui cache la vérité qui est une. Ce voile fixé entre deux anneaux en arrière, cache l’entrée du temple, l’entrée du monde spirituel, de la connaissance.
Un sphinx est visible sur le côté gauche de son siège, l’autre étant caché : tant que nous sommes à l’extérieur du temple, nous ne voyons qu’une face des choses.
La Papesse a un pied posé sur un coussin vert, couleur de la vie, en signe de pouvoir sur l’esprit, la vie végétative, de domination du psychisme.
La Papesse est assimilée au symbole de Vénus, la Vénus diurne, ou Vénus Uranie, déesse de la science et du savoir, de la sagesse, de l’amour idéal.