Débutons par un lieu commun : depuis que l’homme est apparu sur terre, il n’a cessé d’être fasciné par les astres, qui furent à la fois une source d’interrogation et de savoir. Les hommes modernes que nous sommes, blasées et revenus de tout, ont cessé depuis bien longtemps de s’émerveiller devant les cieux. Pourtant le ciel étoilé est la source d’un enseignement primordial : nous faisons partie d’un univers immense et en tant que composante de cet univers nous sommes influencés par lui. C’est ce que découvrirent les premiers astrologues, bien avant que nous ne cessions de regarder les étoiles.
Il y a plus de 4 000 ans, En Mésopotamie (région du proche Orient qui correspond approximativement à l’Irak), les prêtres étudiaient déjà les mouvements des astres, comme en témoignent des tablettes d’argile retrouvées à Ebla (en Syrie) et qui datent des environs de 2?400 avant notre ère. Ces tablettes consignent les mouvements de divers corps astraux. Pour les Mésopotamiens, les astres étaient assimilés à des dieux et leur observation relevait de la religion. Néanmoins, on ne peut pas encore parler d’astrologie telle que nous la connaissons actuellement, mais plutôt d’une forme religieuse d’astronomie, où les mouvements planétaires servaient à faire des prédictions. Les premiers écrits véritablement astrologiques proviennent de la même région du globe et datent du 5ème siècle avant notre ère, avec notamment deux horoscopes qui datent de – 409 av. JC et qui comprennent une description des 12 signes zodiacaux.
Depuis la Mésopotamie, l’astrologie s’est répandue dans le monde antique, elle essaime en Grèce, en Egypte et dans l’empire romain. Mais c’est en Grèce, avec Ptolémée (90 à 168 ap. JC) que l’astrologie pris son véritable essor. Ce savant, qui était, entre autres, mathématicien et géographe, eut accès aux connaissances des Mésopotamiens sur lesquelles il se basa pour écrire le Tetrabiblos. Cet ouvrage donne les bases de l’astrologie moderne en synthétisant les observations des Mésopotamiens et les connaissances scientifiques des grecs. On y trouve, par exemple, la façon de calculer l’ascendant et les associations entre les signes zodiacaux et les planètes. Parallèlement aux écrits scientifiques de Ptolémée, l’astrologie sort de la sphère religieuse et se popularise pour devenir accessible au commun des mortels.
L’essor de l’astrologie en Occident va prendre fin avec l’avènement de la foi chrétienne : en 447, le concile de Tolède condamne toutes les pratiques divinatoires, dont l’astrologie. Mais, si elle est bannie en Occident, l’astrologie va continuer à se développer dans le monde arabe où le texte grec de Ptolémée avait été traduit. Ainsi, aux alentours de 950, l’astrologue arabe Alcabitius publiera l’ouvrage « Introduction à l’art de l’astrologie » qui connaitra un grand succès.
C’est grâce à l’influence arabe que l’astrologie renaitra en Occident, réhabilité en tant que science par des érudits, pourtant religieux, comme Albert le Grand ou Thomas d’Aquin. L’astrologie va ainsi regagner ses lettres de noblesse pour atteindre son apogée durant la Renaissance avec de grandes figures comme Jérome Cardan ou Paracelse ou encore Galilée et Kepler qui pratiquaient à la fois astronomie et astrologie. A l’époque, les têtes couronnées s’intéressaient de près à l’astrologie et rares furent les cours des rois qui ne disposaient pas d’un collège d’astrologues. Grâce à eux, l’astrologie réintègre l’occident chrétien.
Au 18ème siècle, la rigueur scientifique est de mise, et à ce titre, l’astrologie fut totalement rejetée, considérée comme une superstition. En 1710, l’impression des éphémérides et des tables des maisons est stoppée, empêchant ainsi les astrologues de continuer leur pratique. L’astrologie va alors connaitre une éclipse totale qui perdurera jusqu’au 20ème siècle.
Comme nous le savons, l’ultra rationalisme des Lumières n’a pas sonné le glas de l’astrologie, elle resurgira en Europe, notamment en Allemagne, sous l’influence de psychiatres comme Gustav Jung qui tentèrent des rapprochements entre astrologie et psychologie analytique. C’est ainsi que l’astrologie se développera à nouveau pour évoluer jusqu’à la forme que nous connaissons maintenant.