Si l’on considère que le chamane est un être complexe, à la fois guérisseur, sorcier, prêtre, magicien, devin, médium, ou peut être possédé, il existe une polyvalence dans ces attributions, que l’on retrouve à travers le monde. Si le mot chamane provient des mots Tunguz « saman » ou « shaman » (lire « L’origine du mot chamane »), le chamanisme dans le monde remonte sûrement à la Grèce Antique et aux Chinois.
Précurseur du développement du Taoïsme, le chamane chinois connaissait les voyages extatiques qui l’emmenaient au ciel où il rencontrait les dieux, les ancêtres ou des remèdes médicaux. Il était généralement aidé par des animaux, dragons, tigres ou cerfs.
Qualifiés d’hyperboréens ou d’Apolliniens, ces chamanes antérieurs à Socrate, comme Aristée de Proconnèse, Epiménide de Crète, Phérécyde de Syros, Abaris de Scythe et Hermotyme de Clazomène, étaient des chamanes et des penseurs : chamanes, parce qu’ils parlaient de la sortie de soi, quand l’âme se libère du corps et se transporte au dehors.
Les grecs avaient été en contact avec le chamanisme dès 630 av. J.C., après avoir colonisé la région de la Mer Noire où vivaient les Scythes qui avaient des chamanes qui respiraient la fumée du chanvre cultivé dans la région et entraient en extase.
Dans le monde indo-européen, les chamanes scandinaves eux aussi quittaient leur corps pour voyager où ils le désiraient. Ils considéraient leurs voisins Lapons comme de grands magiciens, chez qui, de toute évidence, le chamanisme était très développé. Ils officiaient grâce à des tambours et des marteaux de corne.
Les Mazzeru, chamanes d’une croyance en un don de prophétie funèbre accomplie en rêve, au cours de laquelle le corps spectral du sorcier part chasser et tuer des animaux, se localise exclusivement en Corse. On surnomme aussi ces chamanes, « des chasseurs d’âmes » ou « des messagers de la mort ».
Cette capacité à tuer provient du fait de la possibilité du Mazzeru à « chasser en rêves » et, en choisissant son premier animal qu’il retourne sur le dos, la tête de celui-ci se transforme en visage humain. Cet humain, connu des Mazzeru, est alors condamné à mourir dans les trois jours qui suivent, un an au plus tard.
En communiquant avec les « esprits », les chamanes effectuaient des rituels bien précis, qui, s’ils variaient d’une région à l’autre, n’en gardaient pas moins des caractéristiques communes :
Le chamanisme est donc historiquement aussi âgé que les premières civilisations. On peut même considérer que les premiers hommes, dans leurs cavernes, pratiquaient déjà une forme de chamanisme de la chasse, en peignant sur les parois des dessins d’animaux qu’ils allaient chasser.