Contrairement à d’autres cultes, comme le Chamanisme ou la Magie Blanche, le Vaudou est plus qu’un appel aux esprits et une maîtrise de rituels. C’est aussi une véritable religion. Et comme toute religion, elle a ses prêtres (houngan) et ses prêtresses (mambo), ses cérémonies, ses prières et ses incantations, ses divinités. Si en Europe, on accorde plus de pouvoir et d’influence au Vaudou haïtien, c’est parce qu’il est pratiqué avec plus d’intensité. Mais ce Vaudou n’est pas adapté aux Européens et ne représente pas la vision globale de cette religion et de cette pratique.
La religion chrétienne a particulièrement du mal à comprendre le culte du Vaudou. Alors qu’elle sépare le monde en deux, le bien et le mal, les Saints et les Démons, le Vaudou considère toutes les entités et divinités comme influentes, et même les plus négatives et les plus cruelles. La diabolisation au sens chrétien du terme n’existe pas dans le Vaudou. Au contraire, les démons les plus dangereux ne sont pas particulièrement aimés, mais on les respecte, on leurs apporte des offrandes pour les amadouer.
Le vaudou connaît deux formes de pratiques :
On est très loin du rituel chrétien… et pas si loin. Rappelons-nous les prêtres exorciseurs qui essayaient d’arracher les démons aux corps des « possédés », c’était il n’y a pas si longtemps. Si un prêtre Vaudou voyait un prêtre chrétien dans l’exercice de ce rituel, il aurait l’impression de pratiquer la même Magie.
Dans sa forme traditionnelle africaine, mais aussi dans sa forme évoluée haïtienne, le Vaudou repose sur une initiation. On ne peut être pratiquant sans une longue initiation qui se transmet de générations en générations. Cela suppose de la part du novice, un travail sur lui-même et l’acceptation d’une utilisation responsable des forces magiques.
L’initiation, le Kanzo, qui signifie à la fois mort et résurrection, permet au candidat de supporter les transes et les descentes du LOA ou de l’Orisha. Complexe, cette initiation dure des mois et comporte plusieurs degrés successifs.
La consécration des prêtres ou des prêtresses est encore plus poussée. Ils sont alors appelés à entrer dans le Houmfort, le lieu sacré de culte. Là, ils reçoivent le collier rituel, le Houngé-vé.
Lorsqu’un « vodu », une entité, un esprit, veut un nouvel adepte, il le tourmente et le dérange. Il hante ses rêves et provoque chez lui des possessions intempestives, des comportements inhabituels, voire des maladies. Quand le prêtre vaudou confirmera la volonté divine, l’élu devra alors commencer son initiation, sous peine d’être torturé par le « vodu » s’il s’y refuse.
L’appartenance à une confrérie vaudou est toujours influencée par son origine sociale, clanique, familiale ou professionnelle. Ainsi, les adeptes de Ogu en Afrique ou Ogou-ferraille en Haïti, la divinité guerrière, sont des lignages de forgerons, de mécaniciens ou de chauffeurs. Les adeptes de Mami Wata en Afrique ou Iemandja au Brésil, la sirène, sont des commerçantes des marchés.
Mais la dévotion à une entité de sa confrérie n’empêche pas le culte des autres divinités. Le Vaudou est avant tout une reconnaissance que tous les êtres vivants sont reliés les uns aux autres dans le cosmos et que toutes les divinités apportent leur aide.
Toute religion est ouverture vers le spirituel. Le Vaudou est de celle-là, mais en considérant tous les êtres, toutes les divinités, tous les éléments, sur le même plan. Un facteur incompréhensible pour le christianisme.