Oswald Wirth dessina les vingt-deux lames des arcanes majeurs en 1887, à la demande de Stanislas De Guaita, en s’inspirant d’un Tarot de Marseille français et d’un Tarot italien. C’est en 1889 qu’il publia ces cartes en édition limitée. Mais, insatisfait de son travail, ce très grand occultiste, dans le sens de celui qui pratique un « art » ou une « science » permettant d’observer ou d’intervenir sur les évènements du monde terrestre en se basant sur le « monde d’en haut », décida de consacrer sa vie à ces études sur la Kabbale, l’Alchimie, l’Astrologie, la Franc-Maçonnerie, la Rose-croix, pour enfin, en 1926, nous proposer une nouvelle version du Tarot, après avoir reconsidéré toute la symbolique. Celui que certains n’hésiteront pas à appeler aujourd’hui le « Pink-Floyd » de l’occultisme, nous a laissé en héritage un jeu devenu universel.
Si l’on retrouve tous les « personnages » spécifiques aux Tarots dit « de Marseille », le Bateleur, la Papesse, l’Empereur, le Pape, la Roue de fortune, le Chariot, la Lune, le Soleil, etc, Oswald Wirth ne gardera dans le dessin, que les symboles initiaux du moyen-âge, développés par les grands imagiers-illuministes, qui s’inspiraient des mystères et traditions de l’époque.
Ainsi les 22 lettres de l’alphabet hébraïque correspondant aux 22 arcanes majeurs, appelés aussi les clés, et faisant référence à la Kabbale, deviennent présentes sur les cartes. Oswald Wirth s’attache que sur chaque lame des arcanes majeurs, la lettre hébreu soit dessinée en bas à droite. Seule la carte de la Mort n’est ni numéroté ni intitulé.
La couleur de fond du jeu, le doré, n’est pas choisie au hasard. Elle permet un accès direct vers la lumière et la compréhension instantanée des messages symboliques de chaque carte.
Sur la table du Bateleur, l’arcane I, trois objets : une coupe d’argent, un glaive (une épée) et un denier. Un symbolisme épuré si l’on compare au Bateleur des Tarots de Marseille anciens, où le plateau était encombré d’objets, comme sortis de la poche du troubadour.
L’Ermite, l’arcane IX, devient une sorte d’autoportrait symbolique d’Oswald Wirth, guidé par un serpent rouge, référence à l’abbé Boudet ou au poème de Goethe, « le serpent vert », qu’il avait traduit en 1922.
Le Tarot, la Kabbale et l’Astrologie ne sont aucunement trois entités différentes, mais constituent bel et bien les trois aspects d’un même système. Chaque carte ayant son ambiguïté, certaines comportant des symboles connus, d’autres plus difficiles à appréhender, les lames des arcanes majeurs constituent un cheminement qui fait référence tout à la fois, à la chrétienté, à ses origines païennes, mais aussi à l’Alchimie, à l’Astrologie.
Ainsi, on peut, dans le jeu de Wirth, voir six groupes de lames :
Oswald Wirth était à la fois un vulgarisateur, dans le sens noble du terme, un Franc-Maçon, un ésotériste et un spécialiste de la symbolique. Avec le Tarot, il a exprimé tout son génie, mais contrairement à ce que certains ont voulu l’accuser, ce n’est pas un Tarot maçonnique qu’il nous a laissé en héritage, mais bel et bien un Tarot universel.