Les Esprits peuvent communiquer spontanément ou venir à notre appel, c’est-à-dire sur évocation. Ces deux manières d’opérer ont chacune leurs avantages et leurs inconvénients. Les communications spontanées n’ont aucun inconvénient quand on est maître des Esprits et qu’on est certain de ne laisser aucune emprise aux mauvais. Quant à l’appel direct fait à un Esprit, il permet de créer un lien entre lui et nous, lien sans qui, l’Esprit n’aurait souvent aucun motif de venir à nous.
On peut évoquer tous les Esprits, quelque soit le niveau de l’échelle qu’ils appartiennent : les bons ou les mauvais, ceux qui ont quitté la vie depuis peu, comme ceux qui ont vécu dans les temps les plus reculés, les hommes célèbres comme les plus obscurs, nos parents, nos amis, comme ceux qui nous sont indifférents.
Il n’est pas dit que tous ces Esprits accèdent à notre appel : certains ne veulent pas, d’autres ne peuvent pas, empêchés par une puissance supérieure.
Parmi les causes qui peuvent s’opposer à la manifestation d’un Esprit, la première est personnelle, son occupation ou sa mission qu’il accomplit au moment de l’évocation et dont il ne peut se détourner. Bien que l’état d’incarnation ne soit pas un obstacle absolu, ce peut être un empêchement à certains moments donnés, surtout quand elle a lieu dans les mondes inférieurs et quand l’Esprit lui-même est peu dématérialisé. Dans les mondes supérieurs, dans ceux où les liens de l’Esprit et de la matière sont très faibles, la manifestation est presque aussi facile que dans l’état errant.
Il se présente alors la question de savoir s’il y a un inconvénient à évoquer de mauvais Esprits ?
Cela dépend du but qu’on se propose d’atteindre et de l’ascendant qu’on peut avoir sur eux. L’inconvénient est nul quand on les appelle dans un but sérieux, instructif ou en vue de les améliorer. Il est très grand, au contraire, quand c’est par pure curiosité ou plaisanterie.
Le degré de supériorité ou d’infériorité des Esprits indique naturellement le ton qu’il convient de prendre avec eux.
Plus ils sont élevés, plus ils ont droit à notre respect, à nos égards et à notre soumission. Nous pouvons les évoquer mais nous devons leur témoigner un respect qui s’adresse à leur supériorité morale. Ce n’est pas avec des mots que l’on peut capter leur bienveillance, c’est par la sincérité des sentiments. Il serait donc ridicule de leur donner des titres, usages de déférence que nous eussions fait de leur vivant, pour flatter leur vanité, mais auxquels aujourd’hui, alors qu’ils sont réellement supérieurs, ils ne tiennent pas et qu’ils trouvent carrément déplaisants.
Quant aux Esprits inférieurs, leur caractère nous indique le langage qu’il convient de tenir avec eux. Ceux qui sont étourdis, légers, ignorants, il faut les traiter comme tels. Le ton de la familiarité ne saurait être déplacé avec eux, et ils ne s’en formalisent pas. Ils sont en général inoffensifs et bienveillants.
Parmi les Esprits inférieurs il y en a qui sont malheureux. Quelles que puissent être leurs fautes, la bienveillance que nous pouvons leur témoigner est un soulagement pour eux. A défaut de sympathie, ils doivent trouver l’indulgence que nous voudrions pour nous.
Les Esprits qui révèlent leur infériorité par le cynisme de leur langage, leurs mensonges, la perfidie de leurs conseils, sont moins dignes de notre intérêt que ceux dont les paroles expriment le repentir. Accordons leurs pour le moins, la pitié.
Autant il est irrévérencieux de traiter d’égal à égal avec les Esprits supérieurs, autant il est ridicule d’avoir une même déférence pour tous. Par contre on peut tous, sans exception, les invoquer.