Si la présence des Esprits est établie pour les adeptes du spiritisme, la définition de la matière est plus subtile et difficile à expliquer. Pour l’être humain, la matière n’est que le lien qui enchaîne l’Esprit, mais pour l’Esprit, la matière c’est aussi un état inconnu pour les sens humains, la matière éthérée, une matière subtile, agent à l’aide duquel et sur lequel agit l’Esprit.
On ne peut concevoir l’Esprit sans la matière et la matière sans l’Esprit. Si l’un et l’autre sont distincts, il faut leur union pour la manifestation de l’Esprit et pour rendre intelligente la matière.
C’est un fluide qui joue l’intermédiaire entre ces deux éléments, la matière étant trop grossière pour que l’Esprit ait une influence directe sur elle. Certain l’appelle la « Création » ou « Dieu ». Mais d’un certain point de vue, c’est aussi un élément matériel qui se distingue par des propriétés spéciales : fluide, comme la matière est matière, susceptible, par ces innombrables combinaisons. Ce fluide primitif ou élémentaire est l’agent qu’emploie l’Esprit pour que la matière acquière les propriétés que lui donne la pesanteur et qu’elle s’assemble sous la forme que nous lui connaissons. Ce que nous appelons dans le langage courant, fluide électrique, fluide magnétique, n’est autre qu’une modification de ce fluide primitif universel, qui n’est, finalement, qu’une matière plus parfaite, plus subtile que celle que nous connaissons.
Le langage étant incomplet pour expliquer les choses qui ne touchent pas directement les sens humains, il faut formuler ces deux éléments avec des mots qui sont inexacts et les termes de matière inerte et de matière intelligente, représentent bien la matière et l’Esprit, mais les travestissent aussi. Dans l’hypothèse où un principe intelligent, indépendant de la matière, dite inerte, gouverne cette dernière, l’origine et la connexion de ces deux choses nous sont alors inconnues. Qu’elles aient ou non une source commune, c’est possible ? Mais de ces points de contacts, nous en ignorons tout. Ils nous apparaissent distincts, et c’est pourquoi nous les admettons comme formant deux principes constituants de l’Univers.
Si l’on considère que la pesanteur est une propriété relative et qu’en dehors de la Terre, les corps n’ont pas de poids, ces corps ne sont alors qu’un seul élément primitif, fruit de la transformation de la matière élémentaire.
Les saveurs, les odeurs, les couleurs, et même le son, ne sont donc que les modifications d’une seule et même substance primitive qui n’existent que par la disposition des organes à les percevoir. Ainsi, tout le monde ne perçoit pas les qualités d’une chose de la même manière : ce qui est bon au goût pour certains, est désagréable pour d’autres ; ce que les uns voient bleu est rouge pour d’autres ; ce qui est mélodieux pour quelques uns est insupportable pour les autres.
Une même matière primordiale est donc susceptible d’acquérir toutes les propriétés de ce que nous entendons comme attribut de la matière. L’oxygène, l’hydrogène, l’azote, le carbone et tous les corps définis par la science comme des corps simples, ne sont en fait que les modifications d’une matière originelle, qu’une substance primitive, dont nous sommes jusqu’à présent, dans l’impossibilité de remonter à l’origine, autrement que par la pensée.
L’opinion généralement admise par les êtres humains que la forme des choses n’est due qu’à la forme des molécules qui les constituent, n’est qu’une subjectivité appréciable seulement par les êtres humains. Si la forme des molécules de la matière élémentaire, primitive, est constante, les molécules de la matière que nous percevons comme élémentaire ne le sont pas.
Le vide absolu n’existe pas. Dans la matière et l’Esprit existe une autre matière qui échappe à nos sens et notre entendement.