Sa découverte des « tables tournantes » en 1855, pratique venue des Etats-Unis, et ses expériences de mise en contact avec des Esprits par le biais de différents Médiums, vont construire le personnage d’Allan Kardec. Pendant plusieurs années il va converser avec toutes sortes d’Esprits et en tirer un enseignement dont l’essentiel se retrouve dans le « Livre des Esprits » qu’il publie en 1857. Il devient ainsi le fondateur du spiritisme et, si en France on l’a pratiquement oublié, il influence encore aujourd’hui la culture et la vie publique brésilienne.
Allan Kardec, de son vrai nom Hippolyte Léon Rivail, est né le 03 octobre 1804 à Lyon dans une famille de juristes. Alors que la fin de l’époque napoléonienne apporte en France des troubles, sa riche famille bourgeoise l’envoie à l’abri en Suisse, dans une école tenue par un pédagogue célèbre, Johann Heinrich Pestalozzi, qui va l’influencer tellement, qu’au début de sa vie professionnelle, Léon Rivail va importer en France ses idées pédagogiques et son type d’école.
En 1824, il ouvre à Paris un cours privé fondé sur les méthodes de Pestalozzi. Il parle plusieurs langues étrangères, l’anglais, l’allemand et le néerlandais, il peut enseigner la chimie, la physique, l’anatomie et l’astronomie. Il publie de nombreux ouvrages de pédagogie, dont un « plan proposé pour l’amélioration de l’éducation publique », soutenu par Ampère, son compatriote lyonnais, et qui lui vaudra le prix de l’Académie Royale d’Arras en 1828.
Il rencontre celle qui allait devenir son épouse, une institutrice qui travaille avec lui, mais doit fermer son école pour des raisons financières. S’ensuit alors, des traductions de textes allemands, la publication de manuels, diverses comptabilités, pour gagner sa vie.
Rien qui ne prédispose ce grand Positiviste à se tourner vers le surnaturel.
Et pourtant ! C’est lors d’une séance de tables tournantes où on l’a sollicité à la superviser en tant que pédagogue positiviste, qu’il apprend d’un Esprit, que dans une vie antérieure, il était druide et s’appelait Allan Kardec.
Il prend à partir de là ce surnom, participe de plus en plus à des séances et est chargé de mettre de l’ordre dans les communications des Esprits. Cela donnera le « Livre des Esprits » en 1857 et le « Livre des Médiums » en 1861.
Un an après la publication du « Livre des Esprits » il fonde une revue, la « Revue spirite » qui sera le début de la philosophie du Spiritisme.
Kardec publiera les cinq ouvrages fondamentaux du spiritisme qui sont encore aujourd’hui édité. Il ne ménagera pas ses efforts face à ses détracteurs qui le qualifieront de « Pape du Spiritisme ». Epuisé par les polémiques, le travail de publication, les conférences, les déplacements, il tombe malade en 1866 et meurt d’un anévrisme en 1869.
Que reste-t-il aujourd’hui d’Allan Kardec ? Une tombe en forme de dolmen au cimetière du Père-Lachaise. Un éloge funèbre prononcé par Camille Flammarion qui dira que « le spiritisme n’est pas une religion mais une science ». Mais surtout une philosophie sociologique française encore diffusée au Brésil.
De nos jours, Allan Kardec est l’un des auteurs français les plus lus au Brésil avec plus de trente millions d’ouvrages vendus. Plus de six millions de brésiliens se déclarent « spirites » et mettent en pratique la doctrine de Kardec. De nombreuses villes brésiliennes ont des rues, des écoles, des collèges Allan Kardec. Mêmes des députés brésiliens ont dédiés des séances de l’assemblée nationale à Allan Kardec et ont reconnu en 2007, officiellement, le rôle du mouvement spirite dans le développement du pays.
Cet enseignant que rien ne prédisposait au surnaturel, pratiquement oublié en France, est aujourd’hui une part du rayonnement du génie français à l’étranger.