Las de la domination culturelle de Rome et des belles lettres gréco-latines, les penseurs et les poètes, dès le XVIème siècle, s’employèrent à faire sortir de l’oubli les Gaulois, donc, leurs ancêtres les Celtes. Mais tout a vraiment commencé au XVIIème siècle à Oxford, en Grande-Bretagne, au sein du « Bosquet druidique » Mount Haemus.
D’après le spécialiste des druides Michel Raoult, l’existence du « Bosquet des druides » à Oxford daterait de 1245, mais il est difficile de savoir s’il a fonctionné sans interruption. Deux cent ans plus tôt, il aurait existé à Oxford un autre bosquet dont les membres perpétuaient la tradition druidique. Il portait le nom de « Cor Emrys » la cité d’Ambroise. Mais vers 1066, lors de la conquête de l’Angleterre par les Normands, des persécutions mirent fin aux activités du Bosquet.
Cité d’Ambroise, Mount Haemus, ces deux appellations montrent clairement la filiation celtique des deux Bosquets d’Oxford au Moyen-Âge avec ces rattachements symboliques aux Pléiades et au mont Haemos, séjour du dieu Borée.
C’est dans la seconde moitié du XVIIème siècle que Elias Ashmole et John Aubrey, fréquentèrent le Bosquet d’Oxford.
Elias Ashmole, alchimiste, docteur en science physique, historien, archéologue, musicien, membre de la Royal Society, franc-maçon, est à l’origine des premiers rituels initiatiques transmis aux francs-maçons, rituels inspirés du druidisme, mais occultés ensuite derrière les légendes bibliques.
L’Ecossais John Aubrey, chef druide du Bosquet Mount Haemus, se rendit célèbre par ses recherches archéologiques sur les sites d’Avebury et de Stonehenge. Comme Ashmole, Aubrey figurait parmi les membres de la Royal Society et parmi les francs-maçons. Il forma un disciple, l’Irlandais John Toland, qui eut pour mission de regrouper des adeptes de la tradition druidique.
Ainsi allait naître le « Druid Order », par l’assemblée, le 22 septembre 1717 à Londres, de « tous les druides pouvant encore exister de par le monde ». La France armoricaine fut même représentée par un nantais.
D’après Jules César, l’initiation druidique s’acquérait en Grande-Bretagne. Quant aux héros des légendes irlandaises, ils se rendaient en Ecosse pour parfaire leur éducation. Albion, l’Île Blanche, ne devint pas sans raison la mère patrie de la franc-maçonnerie. Dans le monde anglican, la franc-maçonnerie spéculative et le néo-druidisme sortirent du même creuset.
Si depuis 1717, leurs chemins se sont séparés, néo-druides et francs-maçons se reconnaissent comme frères.
Si le druidisme du « Druid Order » n’a jamais essaimé en France, le folklore néo-druidique contemporain, inspiré de Iolo Morganwh, un jeune maçon gallois, Edward Williams de son vrai nom, qui avait lancé vers la fin du XVIIIème siècle une compilation des vieux thèmes traditionnels du Pays de Galles, s’est quant à lui imposé dans la majorité des sociétés françaises néo-celtiques. Et pourtant, de scissions en scissions, de dissidences en dissidences, qui n’ont cessé de se développer dans le druidisme français, c’est la lignée Iolo Morgwanwh qui a prévalu. De tendance paganisante, très vite les pasteurs et les curés s’infiltrèrent dans les assemblées druidiques pour leur faire perdre ce qui leur restait d’authenticité originelle.
Cependant, de nouvelles associations indépendantes sont nées. Auvergnats, Bourguignons, Picards, Poitevins, Savoyards et bien d’autres encore qui revendiquent, comme les Bretons, le droit à une identité celte. Comme nous l’avons vu tout au long de ce dossier, les découvertes archéologiques, les écrits de la tradition, leurs donnent parfaitement le droit de le réclamer. Et c’est donc ce sang nouveau qui aujourd’hui fait que le druidisme perdure encore.
Par ses parcours intellectuels, spirituels et initiatiques, le Néo-druidisme a conduit la tradition vers la libre pensée, avec une recherche du réveil ésotérique des druides. A-t-il réussi ? Pas si sûr ! Le judéo-christianisme a partiellement coupé les Européens de leurs racines.