Aux deuxième et premier siècles avant notre ère, les Celtes sont soumis sur le continent à la pression conjuguée des Germains, au nord, et des Romains, au sud. La conquête de la Gaule par César, puis de la Bretagne (actuelle Grande-Bretagne excepté l’Ecosse) a fini de vaincre les dernières oppositions. La christianisation, au début de notre ère finira d’affaiblir, même en Irlande où la tradition celte aura résisté le plus longtemps, une civilisation millénaire, qui a néanmoins laissé une mythologie qui survit diluée dans la société d’aujourd’hui.
Si aucune civilisation n’est immortelle et aucune culture n’a jamais été propre à un peuple, la poussée des conquérants en Gaule a détruit ce que la société celtique traditionnelle avait de mieux : ses druides.
La mise en place d’une structure administrative romaine en Gaule, après la victoire d’Alésia, a détruit le couple équilibré du druide et du roi qui avait été le fondement de la société celtique. Le druide et le roi étaient solidaires indissociables. La disparition des rois gaulois ne pouvait alors qu’entraîner la disparition de la classe sacerdotale des druides.
Pourtant, cette classe d’hommes, élevés dans la connaissance et le savoir, a dû se poser la question de la sauvegarde de la tradition. Certains druides ont dû se réfugier dans des zones plus désertes de la Gaule et devenir, après quelques générations, des sorciers locaux dont le savoir avait perdu un peu de ses origines. D’autres, ont certainement rejoint le monde celtique indépendant, celui des île britanniques, l’Irlande notamment.
En Bretagne armoricaine, la survivance des Bardes, ces druides conteurs, réduits à l’état de mimes et de jongleurs, dans les cours princières, a été l’obstacle à la transmission de la mythologie celte qui n’est restée que sous forme de folklore.
En Bretagne insulaire, finalement conquise elle aussi par les armées romaines, les druides ont disparu sans postérité. Les druides se sont effacés devant le clergé chrétien, mais les bardes ont subsisté. Pendant tout le Moyen-Âge jusqu’à l’annexion anglaise, les cours princières se sont maintenues, entretenant une poésie officielle dans une langue savante, et les anciens bardes celtes ont pu ainsi se convertir tout en maintenant le récit mythologique et épique celtique.
En Irlande, indemne de toute romanisation et où le christianisme a été introduit plus tardivement, c’est cependant un seul homme, Saint Patrick, qui a converti le roi et ses druides, sans violence et sans martyr, pour fondre la tradition celte dans la tradition chrétienne.
Le changement de religion, imposé ou non, en premier lieu sur les élites de la civilisation celte, a profondément aussi changé le christianisme d’Europe. Si le druidisme a disparu, les druides, en tant qu’élite du peuple, furent les premiers convertis et devinrent les prêtres de la nouvelle église.
Dépourvus de villes, les pays celtiques ne pouvaient avoir de structures calquées sur celles répandues dans le monde romain. Le christianisme celtique était rural sans évêques, sans clergé séculier, simplement avec des moines qui apportaient leur connaissance mêlée avec celle qu’ils avaient hérité. La preuve en est, des traces celtiques qui se sont immiscées dans les enluminures des moines copistes, qui introduisaient leurs traditions dans la nouvelle croyance. On peut ainsi, sans se tromper, déduire que toute la tradition des templiers et de la recherche du graal, n’aurait eu aucune existence sans la résurgence de la tradition celtique.
Que les Celtes aient eu horreur du centralisme, c’est fort possible. Mais c’est alors ce qui a causé leur perte ! L’évangélisation de leur élite a entraîné la perte des traditions. Les Celtes avaient peur que le ciel leur tombe sur la tête, le christianisme, leur a apporté un ciel céleste plus pernicieux.