Avec les Grecs, puis les Romains, et enfin le christianisme, les cultes se côtoyèrent, s’influencèrent pour quelquefois se mélanger. Dans les fonctions des différentes divinités, des différents cultes qui se sont succédés sur la terre de Gaule, on peut reconnaître la culture celtique. Les déesses grecques, telles Déméter, la déesse de l’agriculture et des moisson, furent rapprochées des « Matres », les trois Déesses mères celtiques, tellement présentes à l’embouchure du Rhône qu’elles furent converties en « saintes mères », puis en « saintes Maries ».
L’existence aux Saintes-Maries-de-la-Mer d’un grand centre antique ne fait plus de doute. La civilisation celte installée en Gaule en avait fait un point de départ vers la Galice sur la péninsule ibérique où les pèlerins, parvenus aux confins de l’Occident, dans la patrie de la reine des Fir-Bolg, nourrice du dieu Lug, le dieu gaulois associé à la lumière solaire, pouvaient s’abreuver à une autre source de la tradition sacrée des Celtes.
Là, dit la légende, face à la « mer des morts », se trouvait jadis un des trois autels du Soleil. Sept disciples déposèrent dans une crypte, le corps de l’apôtre Jacques le Majeur après avoir vaincu taureaux et dragons. Au IXème siècle après J.C., lorsque fut rédigée la légende, le soleil était en conjonction avec les sept Pléiades au milieu du mois de mai. Les Pléiades se couchent chaque jour sur l’horizon occidental en compagnie d’Aldébaran du Taureau et de Sirius du Grand Chien ; ce chien fidèle compagnon de Lug, de Mercure et de Saint Jacques. On retrouve là le symbolisme astronomique cher aux Celtes, que le christianisme s’est copieusement accaparé.
Le dieu Lug, petit père de la création, a pour emblème symbolique, la lance, la harpe, le sanglier et la fronde. Considéré comme l’inventeur de tous les arts, c’est le dieu qui montre la route à suivre, qui guide les voyageurs. Il est aussi celui qui fait gagner de l’argent, qui protège le commerce.
Jules César dans ses commentaires sur la guerre des Gaules, le comparait à Mercure et le tenait comme le plus haut dieu gaulois.
L’importance de Lug dans les régions celtiques de la Gaule est attestée par les toponymes de villes telles que Lugdunum (Lyon) ou Laon en France, ou encore Legnica en Pologne.
Dans les premiers siècles du christianisme, les moines, successeurs des druides celtes, savaient ce qu’ils faisaient en transmettant, sous le couvert de fables, une tradition condamnée au silence.
Ainsi, par exemple, dans le sud-ouest de la France, de nombreux sanctuaires celtiques des eaux furent placés sous le vocable de sainte Quitterie : une sainte née comme par hasard en Galice, que son père fit décapiter un 22 mai. Selon la légende, le jeune fille décollée mit sa tête dans son tablier et alla s’allonger dans une crypte d’où jaillit une fontaine.
Sous l’apparence d’un rite barbare, le mystère celtique des têtes coupées a concerné un message initiatique, régulièrement transmis depuis les premiers Celtes et repris par les moines, dignes successeurs des druides.
Les Celtes ne craignaient pas la mort, aucun enfer ne les attendait dans l’Autre Monde. Ainsi, l’importance du sacrifice humain n’était que l’identification de la victime au dieu.
Ce rite de la décollation, on le retrouve dans les traditions indoues, dans les Purana. Il est présenté comme un sacrifice suprême en rapport avec le Soleil qui s’autodévore en inondant la terre de son rayonnement.
Les traditions celtiques de la Gaule se sont mélangées au christianisme, parce qu’il est sûr aujourd’hui, que les premiers moines chrétiens, étaient des druides venus rejoindre les rangs de la religion officielle par opposition au matérialisme et à l’athéisme des Romains.