Le berceau des Celtes est un faux problème. Trop de facteurs sont entrés en jeu depuis la migration des Cimmériens vers l’Europe centrale, puis l’Europe de l’ouest. La présence de vestiges archéologiques celtiques n’implique pas forcément la présence de Celtes sur le site. Les chercheurs ont peut-être accordé trop d’importance aux phénomènes des migrations ? En 1927, l’archéologue français Joseph Déchelette s’inquiétait des conclusions trop hâtives qui voulaient préciser l’arrivée exacte des tribus celtiques sur le sol de la Gaule. Il pensait même que l’arrivée des Celtes dans la Gaule du Nord-Est et du Centre, était probablement antérieure à l’époque de Hallstatt.
Si on avait jadis demandé à un sujet Athénien de l’empereur Jules César, la signification du mot Galli, sans hésiter il aurait répondu : « mais, c’est le nom latin des Celtes » (Gallia étant le nom latin de Gaulois). Inversement, un habitant de Lutèce, capitale de la Gaule, aurait reconnu dans le terme Keltoï, le nom des Gaulois en grec.
Les Français sont donc des gens bizarres : en ânonnant à l’école primaire : « nos ancêtres les Gaulois… », ils évoquaient « nos ancêtres les Celtes », que l’Empire romain et ensuite le sacerdoce chrétien, se sont empressés de travestir, de caricaturer, au point de déformer l’histoire de deux civilisations synonymes qui n’en formaient qu’une.
Le génie pervers des Romains à vouloir ôter de nos mémoires toute l’admiration éventuelle d’une civilisation celte anéantie, a cependant échoué, et ce n’est que justice.
De plus en plus nombreux sont les contemporains qui se sentent étouffés dans la société de consommation sans frein. Ils aspirent à autre chose qu’une solidarité trop élargie et mondiale, une individualité trop égoïste et isolante. Une sorte de nostalgie d’un bien personnel qu’on leur aurait volé excite leur curiosité et les conduit vers un néo-celtisme. Au mot Celte apparaît dans l’inconscient, un paradis perdu, l’horizon d’une Hyperborée légendaire perdue aux confins d’un Nord chimérique.
Qu’importe en fait la confusion, quand la légende se substitue à l’Histoire, quand le mythe se superpose au symbolisme. Que prétendaient les premiers Celtes concernés, les Gaulois ? Leurs Druides déclaraient en réalité qu’une partie de ce peuple était indigène, et que l’autre affluait en Gaule d’îles lointaines, de régions situées au-delà du Rhin. Deux mille ans de traditions orales n’ont pas été effacés par le règne sans partage des Romains. Le témoignage des druides celtiques ou gaulois, selon comment on veut les appeler, s’accorde assez bien avec les éléments fournis par l’archéologie moderne ; seul reste en suspens le problème des datations.
Est-il seulement possible d’évoquer une race celtique ? Les anthropologues vous démontreront qu’elle n’existe pas en tant que telle. Sur le vaste territoire qui allait de l’Ecosse à la Bulgarie, en passant par le Danemark et la Galice, petits, grands, moyens, blonds ou bruns aux yeux clairs, roux ou châtains aux yeux sombres se côtoyaient sur l’ensemble du territoire.
Pourtant, les récits des auteurs latins, présentaient tous les Gaulois comme des guerriers terrifiants, fortement armés, batailleurs, de haute stature, à la peau blanche et la longue chevelure rousse peignée en épaisses nattes du front à la nuque qui, au cours d’une rixe, faisaient appel à leurs femmes, encore plus vigoureuses et terrifiantes, et qui pouvaient tenir tête à une troupe d’étrangers.
Est-ce que ce spectacle terrifiant était l’image réelle du type de guerrier celte idéal, ou la vision d’artiste romantique des écrivains latins ? Le mythe s’est sûrement substitué à la réalité.
Les Celtes furent des Indo-Européens, parlant une langue indo-européenne qu’antérieurement à Jules César, personne ne différentiait des peuples barbares du nord de l’Europe.