La déesse mère, le taureau, le serpent, la spirale, la hache, le triskèle, la rouelle et le cygne, autant de symboles qui appartenaient déjà à l’univers mental du néolithique. Mais il ne faut pas confondre : symbolisme ne signifie pas forcément religion. Il faudra toute la période de l’âge du bronze à la fin du troisième millénaire avant notre ère, pour que les envahisseurs indo-européens développent autour du Danube, une civilisation qui allait devenir le berceau de l’Europe.
Quand en 1846, des fouilles mirent à jour un millier de sépultures, avec une fantastique collection de documents archéologiques, les historiens et les archéologues ont très vite compris qu’ils avaient devant eux, peut être pas une nouvelle civilisation, mais sûrement une indication géographique et chronologique concernant l’établissement d’une civilisation dans toute la région Nord-Alpine.
La civilisation dite de Hallstatt, n’est pas obligatoirement née à Hallstatt, mais le fait est certain, c’est à la période de Hallstatt que, de la Bourgogne à la Bohême, a commencé à se former véritablement la société celtique proprement dite.
Dans les derniers temps du VIIIème siècle avant notre ère, des troubles perturbent le pourtour de la mer Noire, chassant de leurs steppes par la poussée des Scythes, peuple nomade de l’actuel Ukraine, les Cimmériens, proches parents des Thraces. Ces hommes et ces femmes, peut être les plus anciens habitants de la Crimée, déferlent alors sur l’Anatolie, les Balkans et la zone des Carpates. Leur influence culturelle va se faire sentir jusque dans la région Nord-Alpine.
C’est par leurs rites funéraires, que les archéologues découvrent la puissance de leur pouvoir sur la région. L’inhumation de leurs chefs donne lieu à la construction de tumulus fabuleux où reposent les princes entourés de leur char, de leurs armes et d’une quantité d’offrandes importantes, dans de la vaisselle luxueuse. Chaudrons, urnes, amphores, de fabrication grecque ou étrusque, attestent des échanges avec les régions environnantes.
En 1977, dans la banlieue nord de Stuttgart en Allemagne, les archéologues découvrent un tumulus qui contient la dépouille d’un personnage hors du commun : tout d’abord par la richesse et le faste des richesses qui l’entoure, jusqu’à de la soie, tissu qui ne pouvait provenir à cette époque, que de la Chine ; d’autre part, par la stature impressionnante du squelette. Une étude montrera que sa taille atteignait 1,87 mètre, dimension supérieure à la moyenne de l’époque, et même à la taille moyenne des habitants actuels de l’Allemagne du sud. Les archéologues le rapprochent alors d’un autre squelette, découvert à Asperg au nord de Stuttgart, qui mesurait 1,84 mètre. Pour les archéologues, cela ne fait plus de doute, ces hommes sont déjà des « Celtes », même si une hypothèse du chercheur L. Pauli accrédite que la haute stature aurait été le critère physique requis pour appartenir à la caste restreinte des personnages princiers.
La répartition des tumulus princiers comme celui de Hochdorf, semble indiquer que durant la période de Hallstatt, ces potentats contrôlaient tout le trafic européen des marchandises et servaient d’intermédiaires dans les échanges commerciaux des pays scandinaves et atlantiques, avec les riches cités étrusques et les comptoirs grecs de la Méditerranée occidentale.
A cette époque une influence des arts grecs et étrusques se fait sentir dans la décoration des bijoux et des armes de ces hommes, mais finalement ils restent fidèles à leurs motifs géométriques, aux spirales et aux cercles, aux symboles solaires de leur inspiration primitive, preuve que l’on a affaire à une civilisation bien établie, certes encore répartie en petites principautés, mais qui présage de ce que va devenir la « Celtie ».
Ce qui va devenir la civilisation celtique, se développe au centre de superbes civilisations, comme les Etrusques, les Grecs, les Thraces, les Scythes, les Cimmériens, qui sont en fait tous des indo-européens.