Les initiés du Vaudou classent les divinités qu’ils honorent en deux catégories : les LOAS Rada et les LOAS Petro. Si dans l’absolu, les divinités Rada représentent la partie bénéfique du culte Vaudou, une Magie du bien et de la bonté, et les divinités Petro, la partie nuisible de la Magie noire, cette distinction n’est, cependant, pas aussi tranchée que chez les Anges et les Démons du christianisme. Néanmoins, l’invocation des LOAS Petro constitue un rituel puissant et violent qui fait du Vaudou Haïtien, un culte magique dangereux s’il est utilisé à mauvais escient.
Le Vaudou a pour origine l’Afrique, mais son développement aux Amériques a ajouté des cultes apportés par les Indiens des îles, notamment. Le Vaudou contemporain, malgré le foisonnement des divinités et des dieux, a conservé un panthéon à structures Ternaires. Les trois grands panthéons se partagent l’Univers sensible : Mawu-Lisa, le Ciel ; Sagbata, la Terre ; Hevioso, le Tonnerre et la Mer.
En Haïti, chacune des grandes catégories culturelles de la colonie s’attribue la paternité d’un panthéon, le panthéon Rada, le plus prestigieux se trouvant être le rite central où on retrouve les grandes divinités Yarouba, originaires de l’Afrique.
Les LOAS du groupe Rada servent plutôt la création, la conservation de la vie. Sont membres de cette famille, les divinités telles que le dieu de la forêt, Loko, le maître des océans, Agwé, et la déesse de la beauté, Erzulie. Ce sont des entités modérément actives, de sorte que leur invocation n’est pas trop dangereuse.
Mais la complexité du Vaudou fait que certaines entités appartiennent à deux catégories, le panthéon Rada et le panthéon Petro. Ainsi, la divinité Papa Legba, le dieu des croisées de chemins, peut tout aussi bien être invoqué en tant que LOA Rada bienveillant, ou accomplir une œuvre de destruction en tant que LOA Petro. D’ailleurs, la frontière n’est pas toujours claire : on ne sait pas toujours s’il s’agit de deux LOAS différents ou d’une même divinité qui prend deux formes différentes d’apparition. Damballah-Wedo, le dieu serpent, est considéré comme un pur LOA Rada. En revanche, Simbi, l’entité de l’Eau qui lui est apparentée, peut apparaître sous les deux formes, Rada et Petro.
Les LOAS purement Petro forment une catégorie de Démons qui sont essentiellement appelés dans la Magie nuisible. Il est intéressant de noter que nombre de ces LOAS ne proviennent pas de la tradition africaine mais ont été apportés par les tribus indigènes des îles qui pratiquaient le Chamanisme, une autre forme de Vaudou, une autre forme de Magie. C’est ce mélange de deux cultes puissants qui rend le Vaudou haïtien si cruel parfois et tellement craint par les non initiés.
Le rituel même, pour invoquer les LOAS Petro, se caractérise par des actes violents et cruels. Leur invocation suppose toujours un sacrifice de sang, sous la forme d’une chèvre noire ou d’une poule noire. L’animal doit montrer qu’il accepte le sacrifice. A cet effet, on lui présente de la nourriture : s’il l’accepte, c’est signe de son accord ; s’il la refuse, il est remplacé par un autre animal.
La possession du corps, rituel traditionnel au cœur de la célébration Vaudou, doit être exclue pour certains LOAS Petro. Dans cette catégorie, la puissance du LOA est telle, que le possédé serait immédiatement tué.
Malgré ce penchant sanguinaire, les LOAS Petro ne sont pas considérés comme des entités diaboliques. On les respecte dans le cadre de leurs attributions respectives, car leur invocation peut se faire en contrepartie d’une protection contre une Magie noire lancée par un sorcier malfaisant.
Contrairement au christianisme et à bien d’autres religions, au sein du culte Vaudou, les LOAS, les entités du monde surnaturel, ne sont ni blanches, ni noires. Elles sont associées à leurs attributions respectives. C’est ce qui fait que le Vaudou est un culte complexe.