L’esclavage n’a pas été inventé au seizième siècle avec la vente d’esclaves noirs aux planteurs américains. Dans les guerres antiques, l’esclavage évitait en partie le massacre des vaincus et le servage et la soumission ont sévi dans le monde entier. Néanmoins, la découverte des Amériques par Christophe Colomb et le développement de l’agriculture, principalement de la canne à sucre dans les îles et du coton en Amérique, a créé une filière transatlantique entre des roitelets africains et des marchands européens avides et sans scrupule. Les Yoruba du Nigéria et du Bénin furent déportés en masse et avec eux, le culte du Vaudou.
L’énorme besoin de main d’œuvre aux Amériques avec la mise en valeur des terres, créa le plus grand trafic de tous les temps, une traite des esclaves sans précédent. Depuis le seizième siècle, les colons utilisaient dans leurs plantations de coton, d’indigo et de la très précieuse canne à sucre, une main d’œuvre locale indienne qui se décima rapidement. Les planteurs recherchèrent donc des ouvriers plus robustes qu’ils trouvèrent en Afrique, auprès des Rois guerriers locaux. Rassemblés dans les plantations, ces esclaves africains déportés, totalement démunis et déboussolés, trouvèrent dans leur culte Vaudou, une maigre consolation à leurs souffrances.
Les églises chrétiennes, incapables de stopper ce commerce humain et inhumain, un trafic triangulaire, entre l’Afrique, les colonies américaines et l’Europe, tentèrent alors pour se justifier, d’évangéliser ces pauvres bougres pour sauver leur âme. Leurs maîtres imposèrent alors le baptême et le culte chrétien devint la caution morale de l’esclavagisme.
Sous cette influence, le Vaudou africain se transforma peu à peu. Les rituels originels se combinèrent avec les influences chrétiennes et indiennes autochtones. Jusqu’à l’abolition de l’esclavage, le Vaudou s’enrichît, se travestît et persista. Mieux, en dépit des mélanges ethniques, des différences culturelles et des insuffisances dogmatiques, une nouvelle religion se créa, le Vaudou Haïtien, une nouvelle langue commune apparue, le créole, de la côte du Brésil aux îles des Caraïbes.
Les premiers esclaves furent utilisés dans les plantations des colonies anglaises et françaises des îles caraïbes, Hispaniola, Saint Domingue et la Dominique, la Martinique et la Guadeloupe, puis en Louisiane.
C’est dans les îles que fut recréé le nouveau Vaudou qu’on appelle aujourd’hui, le « Vaudou Haïtien ». Sous la pression de l’Eglise et de sa caution morale, les esclaves jouissaient d’une certaine autonomie et vivaient regroupés à l’écart des maîtres. Louis XIV en France, mal à l’aise avec ce commerce triangulaire, fit rédiger le « Code Noir » pour améliorer leur situation. C’est cette connivence, pour ne pas dire promiscuité, qui favorisa l’apparition des assemblées vaudou et du culte de ses nouveaux esprits.
Les obligations chrétiennes, avec l’obligation du baptême, ne chassèrent pas le culte des LOAS, les divinités vaudous. Bien au contraire !
Dans le véritable empire que les Français maîtrisaient sur le continent américain, la Grande Louisiane et la Nouvelle France, un territoire de plus de deux millions de kilomètres carré, qui s’étendait de l’embouchure du Mississipi jusqu’aux montagnes rocheuses et au Canada, et représenterait aujourd’hui plus d’un tiers des états des USA, les planteurs tentèrent de retarder l’expansion du Vaudou : les esclaves quand ils ne travaillaient pas, étaient séparés, et on interdisait d’en importer des îles.
Cette attitude persista jusqu’à la cession des territoires par la France aux Américains et la révolte de Haïti qui vît la proclamation d’une république indépendante et la fuite en Louisiane des fidèles au Vaudou.
Avec son Vaudou tout neuf, la Louisiane revendue aux Américains est devenue le premier état des USA à pratiquer cette religion. Que de chemin parcouru depuis son berceau africain originel !