Une des facettes les plus importantes du chamanisme est sans doute la médecine populaire pratiquée par les chamanes guérisseurs. Ces praticiens contribuent à la santé des habitants de leur région en maîtrisant l’art de communiquer avec les esprits, mais aussi en ayant une connaissance appuyée de la botanique. Grâce aux plantes qu’ils maîtrisent, non seulement les chamanes peuvent avoir des visions et supporter des rituels épuisants et difficiles, mais ils peuvent aussi apporter une pharmacopée naturelle efficace à leurs patients.
Si toutes les régions chamaniques connaissent et utilisent les plantes hallucinogènes, les chamanes d’Amazonie se sont fait une spécialité de l’utilisation de ces plantes. Peut-être est-ce la proximité de la forêt et de sa richesse botanique ? Toujours est-il que l’utilisation des plantes est au cœur du concept central du chamanisme amazonien.
Dans le contexte d’une croyance essentielle, qui veut que chaque plante possède sa propre « mère » ou esprit, le chamane est capable d’acquérir ses pouvoirs, grâce à ces esprits, en utilisant une boisson aux pouvoirs psychotropes, l’ayahuasca. Les chamanes parlent d’ailleurs, de « plantes qui enseignent » pour expliquer ces végétaux.
En supposant qu’au moins une partie de ces « plantes qui enseignent » sont des plantes hallucinogènes, on peut établir les caractéristiques suivantes :
Il est assez fréquent qu’une plante possède toutes les caractéristiques en même temps. Le lien entre rêves et hallucinations, étant un thème récurrent dans le chamanisme.
Certains champignons ont aussi le même potentiel que les plantes, mais toutes les plantes n’ont pas un esprit associé, ce qui fait dire que toutes les plantes ne conduisent pas aux visions et à l’enseignement.
Les chamanes pensent que la science des plantes est plus puissante que la médecine occidentale, car les docteurs occidentaux doivent apprendre dans des livres, alors que les chamanes, boivent un breuvage, l’ayahuasca, suivent un régime et apprennent directement des plantes elles-mêmes.
L’ayahuasca est une boisson confectionnée entre autre avec l’écorce d’une liane de la forêt amazonienne et qui est consommée traditionnellement par les chamanes de cette région.
Son nom provient de l’assemblage de deux mots Quetchua, « Aya » et « Huaska », qui veut littéralement dire « liane des morts » (Aya = morts, esprits ; Huaska = corde, liane par extension).
L’activité hallucinogène de l’ayahuasca est particulière, du fait qu’elle dépend de l’interaction des alcaloïdes de la plante qui constitue le breuvage et de la protection qu’apporte la liane. La plante seule serait inactive, car l’alcaloïde qu’elle contient est rapidement dégradé par les enzymes de l’appareil digestif humain.
En plus des deux constituants de base, la plante hallucinogène et la liane protectrice, il arrive que les chamanes mêlent d’autres plantes au breuvage, pour en modifier les effets, selon le contexte magique, médical ou religieux.
L’ingestion de l’ayahuasca entraîne tout d’abord un effet d’ébriété avec des nausées et des vomissements, puis un effet psychotrope. Les effets apparaissent rapidement après l’ingestion, environ trente minutes, et se poursuivent pendant plusieurs heures.
L’usage chamanique des plantes hallucinogènes est lié aux échanges avec les esprits surnaturels qui permettent d’accéder aux fonctions thérapeutiques. Si le bassin amazonien est particulièrement bien pourvu par ces plantes, toutes les régions chamaniques ont elles aussi leur breuvage hallucinogène.