Avec les Transes chamaniques, quand on parle d’ascension et de descente, on indique les deux moments importants du « voyage » de l’esprit quittant le corps du chamane. C’est une constante de la Transe mais aussi du chamanisme : le chamane contacte l’autre monde grâce à des esprits auxiliaires (souvent zoomorphe) et entre dans la Transe de l’ascension de l’âme. On appelle cela le « vol du chamane ».
En entrant dans la Transe grâce aux percussions rythmées du tambour ou à l’aide d’un psychotrope, le chamane s’affranchit des limitations de l’espace, du temps et de sa personnalité. Il effectue son voyage spirituel au cours duquel il communique avec les esprits par l’hyperstimulation sensorielle, essentiellement sonore avec le tambour qui l’accompagne.
L’ascension se réalise par le truchement d’un arbre ou d’un poteau, symbolisant l’Arbre ou le Pilier cosmique qui représente le centre du monde. Le chamane est projeté magiquement sur cet arbre. Certains parlent d’un arbre gigantesque, aux racines plongeant bien plus bas que la terre et aux branches s’élevant à perte de vue vers les cieux. D’autres l’appellent, l’Axis mundi, le pôle du monde, l’axe mystique, qui pénètre les couches du cosmos, reliant la terre au monde souterrain et au paradis.
Dans cet arbre sont aménagés sept, neuf ou douze degrés, symbolisant les sept, neuf ou douze cieux. C’est pour cela que certains parlent d’« esprits de l’échelle » ou des « échelons ». Pour entrer en contact avec les êtres surnaturels, le chamane boit des infusions d’écorces ou de tabac et les vomit afin que son âme s’envole et gravisse les échelons tandis que les esprits descendent s’occuper de son corps.
Pendant ce voyage cosmique, le chamane décrit ce qu’il voit d’une voix aiguë qui n’est plus la sienne, mais celle des esprits. Les esprits étant souvent symbolisés par des animaux, le chamane lui-même adopte généralement les caractéristiques d’un animal puissant : l’Aigle ou l’Ours pour les Amérindiens ou les chamans d’Asie septentrionale, le Jaguar en Amérique centrale et du Sud, le Lion ou la Panthère en Afrique.
En Amazonie, il est souvent question d’oiseaux qui vivent dans la montagne où dansent les esprits. Ils prêtent leurs ailes au chamane pour qu’il puisse venir danser avec eux. Pendant ce voyage aérien, le chamane découvre des paysages irréels, les esprits des morts, les démons de la Nature, il parle le langage des animaux, le langage des esprits.
Un long bruissement indique que l’esprit du chamane revient en volant de son voyage dans l’Arbre cosmique. Un coup sourd sur le sol, prouve qu’il atterrit. Au retour de ses randonnées aériennes, le chamane restitue les ailes prêtées et se repose. Pendant le voyage, il a fait preuve de zèle et a dépensé toute son énergie. Les Transes sont parfois très pénibles, il n’est pas rare de voir un chamane épuisé s’effondrer après un voyage cosmique. C’est pour cela qu’il a un assistant qui lui apporte son aide.
L’apprenti chamane est très vite confronté aux ascensions et aux descentes de l’Arbre cosmique. Le novice doit s’habituer à boire les jus pour établir le contact avec les esprits. Il n’est pas rare que le chamane, au retour d’un de ses voyages, confie ses ailes au novice pour que celui-ci apprenne les techniques du métier.
En s’imposant des restrictions alimentaires et en vomissant, le novice, aminci, devient un support pour les ailes qui l’emportent vers le monde des esprits.
Le chant joue un rôle important dans l’exercice de l’initiation. Le chant décrit l’envol de l’âme du chamane, décrit ses aventures dans l’autre monde.
Les deux aspects importants du voyage chamanique définissent bien la Transe, moment essentiel du rituel où le chamane retrouve l’Univers peuplé d’esprits.