Suivant les régions, l’initiation d’un aspirant chamane peut prendre différentes formes. Une chose reste constante, ce rituel doit sonner comme une phase de l’existence difficile, qu’il faut mériter et qui peut être parfois dangereuse.
Dans les Territoires inuit et sibériens, l’initiation d’un apprenti chamane, utilise au maximum les difficultés de ces contrées enneigées, en le faisant souffrir des deux choses les plus dangereuses pour un humain, sous ces latitudes : la faim et le froid.
L’apprentissage débute toujours par un jeûne de quelques jours, entrecoupé d’une gorgée d’eau chaude, avant de reprendre un jeûne plus long, d’une quinzaine de jour. Là le novice a le droit à un peu d’eau chaude et il jeûne à nouveau avant d’avoir enfin l’autorisation de manger.
Il va sans dire que pendant ces jours d’abstinence, le novice doit marcher par n’importe quel temps afin de trouver « la connaissance ». C’est souvent à bout de forces, que le futur chamane finit son initiation. Mais il peut ainsi présager ce qui l’attend pendant son ministère.
Pour les indiens d’Amérique du Nord, l’initiation passe aussi par des retraites dans des endroits isolés (collines, déserts, montagnes, grottes) pour chanter et méditer, afin d’avoir les visions qui apportent la connaissance et la justesse dans les diagnostics d’homme médecine, l’autorité dans les actions de divination, et la sagesse pour apporter le bien à la tribu.
Les apprentis chamanes d’Amazonie et d’Amérique du Sud, utilisent quant à eux, ce que l’immense forêt du bassin amazonien leur apporte, à savoir, une pharmacopée des plantes et des animaux pléthorique.
La pratique de la Transe, aidée de substances hallucinogènes, de boissons et d’infusions purgatives et vomitoires, ainsi que de restrictions alimentaires, doit les conduire à s’évader de leur corps physique afin que les « esprits » s’installent dans leur corps, tandis que leur âme va suivre l’oiseau Kumalak, l’esprit aérien indissociable du chamanisme amazonien.
Cette initiation comporte des risques, dans un territoire hostile où, la possession de ses moyens reste le premier facteur de survie.
En ce qui concerne la technique, une grande partie du succès du rituel chamanique, repose entre les mains de l’assistant du chamane. Qu’il soit débutant ou confirmé, ce dernier doit se reposer en toute confiance sur son aide, pendant qu’il maintient son « extase » et qu’il retrouve l’ « esprit » dont il souhaite l’aide et la compétence.
L’assistant, dans la phase initiatique, veille à ce que le novice entame le jeûne et les privations dans de bonnes conditions. Plus tard, il aide à chercher les plantes, à préparer les boissons et les infusions. Il se charge du tambour ou de l’instrument qui sert à marquer le rythme du rituel. Il aide le chamane à s’habiller.
En cours de séance, il aide le chamane dans les chants en répétant les refrains, il joue de la musique pour que le sorcier reste dans l’état d’extase recherché. Il assure la sécurité si le chamane perd conscience et s’effondre.
Ses fonctions sont extrêmement importantes pour l’heureux déroulement du rite, durant l’initiation, mais aussi après.
En général, un bon assistant suit son chamane toute sa vie, de sa formation au déroulement de sa carrière. Il connaît bien le caractère du chamane, sa manière d’opérer, ainsi que son langage. N’importe qui peut devenir assistant d’un chamane : homme, femme, jeune, âgé. Cependant, en général, c’est le chamane lui-même qui va le choisir.
Le noviciat d’une initiation chamanique n’a jamais été une partie de plaisir, bien au contraire ! L’apprenti chamane lui-même, souvent, s’impose des contraintes et des restrictions, quelquefois dangereuses, pour mieux approcher les « esprits ».