Il existe deux sortes de chamanes : les chamanes ensorceleurs et les chamanes guérisseurs. Mais les deux utilisent des variétés de plantes avec lesquelles ils conçoivent des boissons qui leurs permettent de pénétrer le monde surnaturel. Le chamanisme repose sur des siècles d’observation de la Nature.
Les chamanes de Sibérie, comme les chamanes amérindiens ou du Moyen-Orient, connaissent depuis la nuit des temps, les plantes, les herbes, les lianes, les racines, aux propriétés hallucinogènes, qui permettent d’accéder à l’état de transe, essentiel au travail chamanique.
Pour ces chamanes, l’existence normale en état de veille est simplement un « mensonge » ou une « illusion », alors que les vraies forces qui déterminent les événements quotidiens sont surnaturelles, et ne peuvent être vues et manipulées qu’à l’aide de drogues hallucinogènes.
Selon les régions, ces plantes possèdent des noms différents, mais toutes ont plus ou moins les mêmes caractéristiques. Ce qui est remarquable, c’est que ces chamanes, issus pour la plupart de communautés autochtones sans écritures, ni techniques d’investigations, ont pu trouver que certaines associations particulières de plantes avaient des pouvoirs décuplés, et que seule cette association savante fonctionnait. Ces Chamanes vous diront que les « esprits » leurs ont soufflé la réponse !
Lors des initiations, les novices sont eux aussi mis en contact avec ses substances hallucinogènes, pour apprendre à les reconnaître, dans un premier temps, et à s’en servir à leur tour, dans un second.
Tout le travail du chamane guérisseur passe par ces plantes et ces substances pour « voir » à travers le corps du patient. Ensuite, il pourra pratiquer la succion et extraire le mal du corps du patient. La capacité de succion dépendra largement de la quantité de pouvoir du chamane. Mais les plantes resteront toujours les mêmes.
S’il est une autre fonction de la Nature commune à tous les rituels chamaniques, et ce, quelques soient les régions, c’est bien la pénitence par le jeûne et l’affaiblissement du corps, pour créer un état de stupeur et stimuler l’imagination.
Les chamanes pensent que pour clarifier leur esprit, pour mieux accéder aux forces surnaturelles et contacter le monde invisible, ils doivent s’infliger de jeûner jusqu’à la privation extrême et, quelquefois, extrêmement dangereuse (pour les chamanes vivant dans des régions très froides et isolées), car, leurs « Maîtres », les « esprits » les surveillent jalousement.
On peut alors distinguer, les grands des petits chamanes, ceux qui vont maîtriser cette technique particulière de perception sensorielle, et qui en payant le prix de leur vocation, ont découvert un secret de la Nature : ils obtiennent le même état second avec la privation douloureuse de nourriture, que d’autres obtiennent avec l’absorption de substances psychotropes.
A cette voie s’ajoute une très grande propreté, jugée nécessaire pour rendre efficace ces techniques d’accès au monde invisible. Là encore, la vocation du chamane sera mise à rude épreuve, tant il se baignera fréquemment dans des lacs ou des cours d’eau isolés, qui suivant les régions, peuvent subir des températures extrêmes (lacs et rivières des régions arctiques et sibériennes).
Pour d’autres régions, il aura recours aux techniques de sudation (ou les deux à la fois), techniques de nettoyage externe souvent accompagnées de nettoyage interne, par le biais de purgatifs.
Enfin, les chamanes considèrent que tous ces moyens, toutes ces connaissances de la Nature, demeurent sans effet s’ils ne sont pas accompagnés d’offrandes ou de sacrifices.
La compréhension approfondie de la Nature et de ses secrets s’est transmise d’une façon innée de génération en génération de chamanes et ce, à des milliers de kilomètres de distance, comme si les « esprits » se chargeaient de la continuité du savoir ancestral.