C’est le sociologue britannique Edward Burnett Tylor qui proposa d’utiliser le terme « animisme » pour décrire la vision du monde des chamanes, une croyance en l’existence d’êtres spirituels dans la Nature, aussi bien les éléments naturels comme les pierres, les plantes, le vent, mais aussi les esprits. Ce rapprochement de l’animisme et du chamanisme, populaire en son temps, fut ensuite discuté et critiqué.
L’animisme, vient du Latin « animus » qui veut originairement dire esprit puis âme. C’est la croyance en une âme, une force vitale animant les êtres vivants, humains et animaux, mais aussi les éléments naturels, arbres, plantes, pierres, feu, vent, astres.
Ces âmes ou ces esprits mystiques, manifestations de défunts ou de divinités animales, peuvent agir sur le monde tangible, de manière bénéfique ou non.
Parce que le chamanisme désigne plutôt la croyance en la possibilité de communiquer avec un autre monde, par des intermédiaires (les chamanes) et des techniques privilégiées (transes, danses, musiques, absorption de substances psychotropes), l’animisme s’y est souvent fortement confondu.
Dans la pratique, cependant, l’animisme implique un certain niveau de chamanisme : en effet, postuler pour l’existence d’un monde parallèle des âmes, implique un moyen d’y accéder. D’ailleurs, les Religions théistes, dites universalistes (christianisme, islam), postulent elles aussi pour un moyen de communiquer avec leurs entités divines : la prière.
La vision chamanique est un ensemble de pratiques spirituelles et techniques visant à obtenir le bien être et la santé des membres d’une communauté. C’est sûrement la plus ancienne méthode permettant d’utiliser des états de conscience modifiés pour répondre à des questions et pour soigner : n’oublions pas que les chamanes furent les premiers guérisseurs.
Lorsque l’on se réfère aux comptes-rendus des observateurs du chamanisme depuis le XVIe siècle, on constate que l’interprétation des phénomènes de médiumnité, de possession, de communication avec les esprits, semble finalement davantage tributaire des propres croyances religieuses des observateurs que des faits.
On peut donc définir que l’animisme perçu dans le chamanisme par les sociologues et les anthropologues, n’est qu’une vision influencée par leurs propres croyances.
Ainsi, il apparaît que le chamanisme pratiqué en Afrique, notamment chez les « Hommes-Médecine », diverge du chamanisme sibérien ou amérindien. Alors qu’en Afrique, on pratique un chamanisme collectif, aux Amériques, les chamanes tendent à opérer seuls. Il n’en reste pas moins que le monde du chamane est une sorte de théâtre et qu’il en occupe le devant de la scène.
C’est pour cela que les ethnologues ont souvent assimilé le chamanisme à un charlatanisme psychopathologique jusqu’à ce que le Néo-Chamanisme occidental, né de la fusion entre l’expérience psychique et la spiritualité, adopte une nouvelle vision, révélée notamment par Carlos Castaneda, et transforme la fonction originelle du chamanisme qui est d’œuvrer pour le bien de la communauté, en une quête spirituelle devenue une méthode de développement personnel.
Malheureusement, ce chamanisme là n’a pas échappé aux phénomènes de mode, allant même jusqu’à la récupération opportuniste dans le monde du management et de l’entreprise. L’apparition par exemple, du chamanisme dans le monde des affaires, sur un principe assez simpliste que l’entreprise est une tribu et que la démarche de motivation de ses effectifs est accrue par des activités communes et exaltantes (saut à l’élastique, descentes en rafting, week-end de survie), ne sert que de prétexte de pseudo développement personnel dans une société où l’isolement des individualités est déjà bien réel.
Pour reprendre la définition de Michael Harner, le chamanisme est « une méthode servant à ouvrir la porte d’une autre réalité ». Et même si cette réalité provient de l’animisme, cette vision restera toujours influencée par nos propres croyances, nos propres peurs.