On serait supposé d’y répondre oui, puisque la cartomancie se veut consacrer une étude approfondie à la signification des cartes à l’aide du matériel dont elle dispose, les cartes elles-mêmes et le hasard du tirage. Si, pour ne pas froisser les esprits cartésiens, la cartomancie n’est pas une science physique et matérielle, elle est, du moins, une science ésotérique. Et comme toutes les sciences, elle demande de la part du cartomancien, une remise en question continuelle de ses connaissances afin d’enrichir sa pratique de toutes les innovations qui interviennent dans le domaine des sciences divinatoires.
La pratique de la cartomancie est un art où l’on doit faire preuve d’une grande perspicacité pour pénétrer la personnalité de l’individu qui consulte, et d’une grande sensibilité, car il est des choses qu’il est difficile de révéler sans une bonne dose de tact.
Mademoiselle Lenormand, une cartomancienne célèbre, avait en son temps déposé les principes d’une bonne ligne de conduite, avant même d’entamer la consultation des cartes. Elle posait quatre questions qu’elle estimait indispensables à une bonne interprétation de l’avenir :
Cette ligne de conduite était un moyen de pouvoir mieux interpréter la signification de certaines cartes, ou de combinaisons de cartes, aux sens vagues et confus. Elle sut prédire à Napoléon ses victoires mais aussi ses défaites, et sa notoriété n’eut pas de frontière.
L’origine de la cartomancie remonte aux temps des civilisations de l’Antiquité. Les Egyptiens, les Chaldéens et les Perses la mirent en pratique après avoir arraché à la nature ses principaux secrets. En procédant par empirisme, l’Alchimie donna naissance à la Botanique, à la Chimie et à la Médecine, tandis que l’Astrologie et l’Astronomie engendrèrent les sciences occultes. La cartomancie en est un des aspects.
Les cartes sont des catalyseurs. La manière de les tirer va subir l’influence et l’originalité liées à la personnalité du cartomancien. Mais quelque soit la méthode adoptée, on doit toujours retirer du jeu la carte représentant le consultant ou plutôt sa personnalité, quitte à recommencer plusieurs fois.
Avant même d’ouvrir le jeu, le premier travail du cartomancien consiste à préparer les cartes, comme le scientifique prépare ses instruments, et à les classer par ordre en les rangeant à l’endroit. Ensuite c’est au consultant de mélanger les cartes à son idée. Une fois cette opération faite, le cartomancien reprend le jeu et bat à son tour sept fois les cartes, en l’honneur des sept planètes, tout en concentrant son attention sur l’action. Cette alchimie scientifique doit se terminer par la coupe du jeu par le consultant, toujours de la main gauche, en laissant sur la droite le tas le plus gros.
A cet instant précis, le consultant est tout entier tendu vers le cartomancien, vers lequel il projette son espoir d’obtenir une réponse qu’il est venu chercher : cet état de tension se traduit par ses gestes, le comportement de son corps, ses expressions, qui vont être une mine de renseignements pour le cartomancien. Les cartes ne transmettent que l’influx nerveux du consultant, influx qu’il a communiqué aux cartes en battant et en coupant le jeu.
Il n’y a plus qu’à interpréter la situation !
Pour un chercheur en génétique, pour un docteur en physique nucléaire, la cartomancie n’est peut être pas une science, mais pour le consultant qui attend une réponse à un moment de son existence, la cartomancie a sûrement la saveur d’une science, et c’est très bien ainsi.