La voyance existe depuis la nuit des temps et elle a traversé l’histoire sous différentes formes. Avant que la pratique de la voyance prenne la forme que nous connaissons aujourd’hui, elle a connue diverses évolutions. Au 19ème siècle, les phénomènes de perceptions extra sensorielles étaient déjà bien connus sous le nom de somnambulisme magnétique. Ce phénomène qui défraya la chronique est, sous certains aspects, précurseur de la voyance actuelle.
L’histoire du somnambulisme magnétique commence en 1784 avec le marquis de Puységur, cet aristocrate exerce la médecine en amateur selon la méthode de Mesmer qui, en théorie, consiste à soigner les malades en utilisant le magnétisme. Tout commença alors qu’il fut appelé pour soigner l’un de ses employés qui souffrait d’une fluxion de poitrine. Il magnétise le jeune homme qui, à sa grande surprise, entre dans un état proche du sommeil. Alors qu’il se trouve dans cet état, le jeune homme fait preuve d’étonnantes facultés, il indique notamment les remèdes qui sont nécessaires pour le soigner, ainsi que la date de sa future guérison. A la suite de cette expérience, Puységur s’apercevra qu’il peut reproduire ce phénomène sur d’autres personnes et constate que, tout comme son employé, certaines personnes font preuve de dons étranges alors qu’elles sont dans cet état. Il écrira un livre sur le sujet où l’état de conscience des sujets étudiés sera baptisé « sommeil magnétique » (il sera connu plus tard sous le terme d’hypnose).
A la suite du marquis de Puységur de nombreuses expériences furent menées pour étudier le phénomène du somnambulisme magnétique. Il apparut que certaines personnes, alors qu’elles se trouvaient dans cet état « somnambulique », faisaient preuve de certains dons comme la prévision d’évènements futurs ou la télépathie. Le somnambulisme magnétique devient alors un véritable sujet d’intérêt et sera même étudié par le philosophe Hegel. Le phénomène se répand dans toute l’Europe et des pays comme la Russie, la Suède ou la Hollande étudient le phénomène de manière scientifique.
En France, l’intérêt que suscite le somnambulisme magnétique n’est pas sans interpeller la communauté scientifique. En 1826, une commission essentiellement composée de médecins hospitaliers sera créée pour statuer sur le phénomène. En 1931, cette commission émet un rapport qui conclut que les phénomènes décrits sont tout à fait réels, cependant la nouvelle est très mal reçue par l’Académie de Médecine et le rapport restera dans un carton. En 1837, une nouvelle commission est mise en place, dirigée par le médecin F. Dubois. Ses conclusions iront à l’encontre de la commission précédente : elle nie en bloc l’existence du phénomène. En 1840, l’Académie de Médecine décidera que le sujet n’est pas digne de l’intérêt des scientifiques.
L’homme de la rue, en revanche, continue à s’intéresser au phénomène, et le terme de somnambule fait peu à peu partie du langage courant. Balzac décrit dans le roman » Ursule Mirouet », édité en 1841, L’histoire d’un homme dont le scepticisme s’évanouit alors qu’il assiste à une séance de magnétisme. Les spectacles mettant en scène des magnétiseurs et des somnambules sont de grands succès et des cabinets de voyance apparaissent un peu partout. Un cas fut particulièrement célèbre et fit le tour de l’Europe : celui d’Alexis Didier qui fit preuve de capacités extra sensorielles exceptionnelles.
L’histoire du somnambulisme magnétique est intéressante à bien des égards, elle illustre notamment à quel point les points de vue scientifiques et populaires peuvent être opposés en ce qui concerne certains phénomènes.